Support de cours de gestion des ressources naturelles
INTRODUCTION
Bien entendu l’utilisation des ressources à travers les civilisation, se propose pour finalité la satisfaction de besoins multiple de l’homme : alimentation, abri, énergie, éducation, etc.
Cependant, la difficulté de mise en valeur rationnelle des ressources naturelles a conduit dans le monde d’aujourd’hui à un ensemble de dérèglements plus au moins graves qui font que l’environnement ne répond pas adéquatement aux besoins de l’homme et si ses capacité d’ajustement aux fluctuation du milieu ne cités pas suffisantes ; cet environnement malade expose l’homme à des malaises de toute nature.
Effet, ce cours de gestion des ressources naturelles devra servir, dans ce sens, de garde-fou pour une utilisation efficiente et durable des ressources ; dans la mesure ou elle se propose pour but de formuler un examen des principes et des objectifs se rapportant à l’exploitation des ressources dans une perspective globale et non sectorielle.
Autrement dit, faire en sorte que les interventions de l’homme visant les ressources naturelles soient subordonnées à des finalités dictées par une éthique environnementale, une approche basée sur la responsabilité morale de l’homme vis-à-vis de la nature et de ses ressources.
C’est à ce titre que ce cours revêt une importance capitale dans le cursus académique d’un géographe et gestionnaire de l’environnement.
Dans la philosophie de la société moderne, il y a lieu de considérer les ressources naturelles sous trois aspects :
• L’environnement physique, y compris les ressources esthétiques, souvent négligées malgré leur extraordinaire intérêt et leur grande importance ;
• L’amélioration de l’environnement ;
• Et la création d’un milieu qui répond au besoin actuel et futur de l’homme.
En d’autre terme, il n’est pas acceptable d’examiner les principes et les objectifs se rapportant à la gestion ressources et ceux qui en dépendent, c’est-à-dire les hommes. Les problèmes de la gestion des ressources doivent donc être abordés dans une perspective globale et interdisciplinaire. L’approche analytique courante doit dès lors laisser la place à l’approche systématique.
Ainsi dans ce cours, nous chercherons d’avantage à ressortir les lignes directrices permettant de gérer les ressources de manière à tenir compte de certaines exigences spécifique des hommes tout en gardant à l’esprit que les hommes doivent eux-mêmes être traité comme ressources.
En définitive, si l’on admet qu’il faut gérer rationnellement les ressources, c’est bien pour les hommes qu’il faut le faire. Les hommes étant à la fois utilisateurs et destructeurs de ces ressources.
PLAN DU COURS
0. INTRODUCTION
CHAPITRE I. CLASSIFICATION DES RESSOURCES NATURELLES
1.1. Les ressources naturelles inépuisables
1.2. Les ressources naturelles renouvelables
1.3. Les ressources naturelles non renouvelables
CHAPITRE II. EVOLUTION DE L’UTILISATION DES RESSOURCES NATURELLES
2.1. ETAPE 1 : Epoque de la biocénose (la 1ere période de l’évolution technologique).
2.2. ETAPE 2 : Civilisation Néolithique (2e période de l’évolution technologique – Emprise progressive de l’homme sur la nature)
2.3. ETAPE 3 : 3e Période de l’évolution technologique (Révolution scientifique et 2e révolution industrielle)
2.4. ETAPE 4 : Emergence d’une prise de conscience de la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la nature (3e Révolution industrielle)
CHAPITRE III. ADEQUATION ENTRE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET LES EXIGENCES D’UN ENVIRONNEMENT HUMAIN
CHAPITRE IV. EVOLUTION DE LA SITUATION DE LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES EN RDC : Du laisser-faire à la prise conscience
4.1. Situation passée
4.2. Changement d’attitude dans la gestion des ressources naturelles en RDC
CHAPITRE V. OBJECTIFS A POURSUIVRE DANS LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
CHAPITRE I. CLASSIFICATION DES RESSOURCES NATURELLES
Une ressource naturelle est un bien, une substance ou un objet présent dans la nature, et exploité pour les besoins d'une société humaine. Il s'agit donc d'une matière première, minérale ou d'origine vivante. Les ressources naturelles n'ont de valeur, dans le modèle économique occidental, que par la quantité de capital et de travail nécessaire à leur extraction. Les ressources en elles-mêmes n'ont pas de valeur économique, ainsi cela peut donner l’impression qu’elles sont inépuisables, et gratuites.
Or nous savons maintenant que le progrès technique, qui permet une augmentation de la production et de la richesse économique, peut contribuer à détruire le stock de ressources naturelles. La production économique engendre dans certains cas des perturbations dans les équilibres écologiques. Augmenter la production de biens matériels ou le transport peut aggraver ces perturbations.
Les ressources naturelles sont donc des richesses potentielles dont la gestion rationnelle devrait promouvoir le vrai développement. Mais pour réaliser cette conversion, il faut de la technologie. C’est ici qu’il convient de rappeler que disposer des ressources naturelles ne signifie nullement être riche. L’exemple de la RDC en est bien un cas didactique. En effet, truffée d’énormes potentialités en terme des ressources environnementales (ressources naturelles, humaines et culturelles), la RDC est parmi les pays les plus pauvres du monde en terme de développement humain.
Les éléments naturels ou ressources naturelles et les éléments artificiels (ressources culturelles) constituent des ressources de l’environnement dont l’exploitation rationnelle devrait créer des richesses réelles. Ces ressources font partie des écosystèmes qui fonctionnent comme des macroorganismes ordonnés structurellement et fonctionnement.
Ainsi, la classification des ressources naturelles dépend aussi bien de leur genèse que de leur importance économique.
Parmi les ressources naturelles, il faut retenir trois catégories :
1) Les ressources naturelles inépuisables ;
2) Les ressources naturelles renouvelables ;
3) Les ressources naturelles non renouvelables.
1.1. LES RESSOURCES NATURELLES INEPUISABLES
Cette catégorie comprend principalement l’atmosphère et l’eau.
▪ L’atmosphère
L’atmosphère est indispensable à la vie. Elle détermine les climats par sa température, son taux d’humidité et ses mouvements. Elle reste cependant susceptible à certaines modifications, particulièrement dans certains endroits de la planète. C’est le cas des grandes villes où l’air peut être pollué par des poussières, vapeur, aérosols, etc. de diverses original (industriels, véhicule à essence ou mazout, etc.).
▪ L’eau
Le cycle hydrologique permet que l’eau soit considérée comme une ressource inépuisable. En effet, grâce à ce cycle l’eau se renouvelle constamment. L’intensité de ce renouvellement est proportionnelle à celle de son utilisation. Le bilan général de l’eau pour la terre peut donc être considéré comme constant. En d’autres termes, les gains et les pertes en eau des continents et des mers restent en équilibre.
On distingue l’eau de surface et l’eau souterraine (puits, nappe phréatique, sources, etc.). Les bassins hydrographiques forestiers jouent un rôle important dans la production de l’eau.
1.2. LES RESSOURCES NATURELLES RENOUVELABLES
Il s’agit ici des ressources qui peuvent se renouveler perpétuellement pour autant que l’équilibre naturel se maintienne. Parmi ces ressources, on range : le sol, la végétation, la faune sauvage et l’homme.
a) Le sol
Le sol en tant que substrat et milieu biologique est indispensable à l’activité humaine et constitue une source de produits divers relevant de l’agriculture, de l’élevage, de la sylviculture, etc.
b) La végétation
La végétation se présente sous des aspects variés dont voici quelques-uns :
▪ Les forêts ;
▪ Les plantes fourragères ;
▪ Les savanes ;
▪ Les steppes, etc.
La persistance du couvert forestier au niveau de la biosphère constitue une des meilleures garanties de la conservation de la nature. C’est dans un milieu forestier non perturbé que l’équilibre naturel atteint le plus haut niveau de complexité. Ceci se traduit par une diversité biologique élevée, une utilisation maximale de l’espace et des ressources d’énergie, un flux maximum d’énergie dérivé par la biocénose.
c) La faune sauvage
Qu’il s’agisse de faune terrestres ou de faune aquatique, certains besoins essentiels des animaux sont directement liés au milieu naturel. Le milieu naturel peut être décomposé en biotopes terrestres – en équilibre avec des biocénoses terrestres – et des biotopes aquatiques (lacs, cours d’eau, zones, marécageuses) – en équilibre avec des biocénoses aquatiques. Toute modification du milieu naturel peut donc avoir une influence sur l’ensemble de la faune terrestre, aquatique ou semi aquatique.
d) L’homme
Contrairement aux animaux, l’homme est un être libre, capable de choisir et de décider. Il est donc capable, tel que le souligne la bible, de choisir le bien et le mal. Etre complexe, l’homme appartient au règne animal compte tenu des traits de son anatomie et sa physiologie, sans pourtant être un animal.
1.3. LES RESSOURCES NATURELLES NON RENOUVELABLES
Ce sont des minéraux (métaux), les ressources minérales et combustibles (gaz naturel, huiles, houille, etc.) ; les ressources non combustible et non métalliques.
Il faut noter, enfin, que pour une gestion durable et efficiente de ces différentes ressources, il faut respecter ces principes que voici :
1. En ce qui concerne les ressources naturelles renouvelables, leur rythme d’exploitation doit être inférieur au degré de régénération.
2. Pour les ressources non renouvelables, il faut que leur rythme d’exploitation soit inférieur au rythme de création des richesses alternatives (Infrastructure de base, alimentation, éducation, amélioration de la qualité de la vie de population).
Le respect de ces principes de base conduit à la durabilité des ressources et la sécurité communautaire.
CHAPITRE II. EVOLUTION DE L’UTILISATION DES RESSOURCES NATURELLES
Les rapports entre les hommes et les ressources naturelles se caractérisent par une évolution où l’on peut distinguer plusieurs étapes, parmi lesquelles quatre apparaissent particulièrement significatives. Elles se sont déroulées parallèlement aux découvertes scientifiques et techniques qui ont marqué l’histoire de la civilisation.
2.1. ETAPE 1 : EPOQUE DE LA BIOCENOSE (1ère période de l’évolution technologique)
Durant la plus grande partie de son évolution culturelle, l’homme est resté dans une très large mesure inféoder à l’écosystème. Il faisait en quelque sorte partie de la biocénose, exploitant les ressources naturelles par des prélèvements directs, comme la cueillette, le déterrage des racines, la chasse, la pêche, etc. Ses moyens techniques étant limités, son impact sur les milieux naturels et les ressources naturelles l’était également. Cette période s’étend du paléolithique inférieur au Néolithique. Mais dans ces temps reculés, se manifestaient déjà, comme aujourd’hui, les traits fondamentaux de l’espèce, ses capacités à inventer, à créer, à innover, à décider.
2.2. ETAPE 2 : CIVILISATION NEOLITHIQUE (2e période de l’évolution technologique- Emprise progressive de l’homme sur la nature)
Après des millénaires de latence, les circonstances se révèlent propices au premier grand bouleversement de la civilisation, la révolution néolithique, marquée par la découverte, En Egypte, il y a quelque 10.000 ans, de l’agriculture et de la domestication des animaux. L’homme commença alors à se libérer, progressivement, du joug contraignant qui le liait à la nature. Il continuait à en dépendre mais d’une manière qui était médiatisée par un ensemble de connaissances accumulées et de techniques qui lui permettaient, déjà, de « commander à la nature », de manipuler les ressources naturelles, d’exercer sur elles et sur les écosystèmes des impacts qui iront en s’amplifiant au gré de la disponibilité de nouveaux moyens d’intervention sur les ressources naturelles et les systèmes vivants.
A partir du Néolithique, s’affirment davantage et à un rythme qui ne va pas cesser de s’accélérer, les tendances propres de notre espèce, en particulier sa propension à utiliser ses capacités inventives à une double fin :
• Fin matérielle, visant à satisfaire ses besoins essentiels (alimentaires, sanitaires et hygiéniques, entre autres) et à améliorer ses conditions de vie (habitat, logement) ;
• Fin spirituelle, en cherchant à répondre aux aspirations profondes de sa nature (expression du beau, manifestations multiformes de l’imaginaire humain, dans les arts plastiques, comme dans la musique, la littérature ou l’architecture).
Deux tendances contradictoires se dessinent à ce stade :
1. D’un côté, les hommes agissent ensemble pour tirer du milieu le meilleur parti ;
2. De l’autre, les hommes entreprennent lentement de se détacher de la nature et cherchent à la dominer pour en tirer des avantages.
2.3. ETAPE 3 : 3e PERIODE DE L’EVOLUTION TECHNOLOGIQUE (Révolution scientifique et 2e Révolution industrielle)
Il se produisit vers la fin du XVIe siècle, un changement majeur qui allait induire des changements profonds sans la pensée universelle. Galilée, avec la découverte des premières lois de la physique classique, et d’autres grands esprits déclenchèrent la révolution scientifique du XVIe siècle. Avec la renaissance, s’ouvre une ère nouvelle caractérisée par l’émergence de la méthode scientifique. Ce cadre neuf donnera une impulsion foudroyante aux capacités créatrices de l’homme. Libéré des contraintes de l’obscurantisme, disposant d’une méthode nouvelle pour agir sur les ressources naturelles et les forces de la nature, l’homme va multiplier les découvertes scientifiques dans tous les domaines.
La connaissance des propriétés du charbon, vers 1250, allait donner naissance, grâce à la découverte de la machine à vapeur, à une nouvelle source d’énergie, l’énergie thermique. Ainsi voit-on se dessiner, vers le milieu du XVIIIe siècle, la deuxième grande césure de l’histoire de la culture humaine, la révolution industrielle, la deuxième en réalité, qui va bouleverser la terre entière : elle va permettre de produire des biens de toute nature à un rythme jusqu’alors inconnu. S’ouvre l’ère du machinisme, de l’industrialisme.
On comprendra que l’impact sur les ressources naturelles et les écosystèmes s’amplifia considérablement au fil du temps, en fonction des progrès technologiques. Nous assistons à présent de plus en plus à l’agression de l’homme sur la nature.
Au moment de l’industrialisation et en particulier au cours du XIXe siècle, la civilisation était dans le chaos.
• Recherche effrénée du profit, conduisant à l’exploitation abusive et au mépris de l’homme ;
• Poursuite de la conquête de terres neuves, brutale et destructrice, aux lourds impacts sur les écosystèmes (destruction des forêts, de la faune sauvage et des sols) ;
• Colonisation du monde par les pays industrialisés (appropriation des ressources naturelles, partage de l’espace) ;
• Courbe exponentielle des découvertes scientifiques et de leurs applications technologiques ;
• Impacts de la démographie suite au progrès de la biologie et spécialement de la médecine.
4. ETAPE 4 : EMERGENCE D’UNE PRISE DE CONSCIENCE DE LA RESPONSABILITE DE L’HOMME VIS-A-VIS DE LA NATURE (3e Révolution industrielle)
La fin du XIXe siècle et en particulier le XXe siècle sont caractérisés, en ce qui concerne les rapports dynamiques entre l’homme et les ressources naturelles, par des tendances opposées : certaines voies se ferment, tandis que d’autres, porteuses d’avenir, s’ouvrent.
• Période de l’ignorance écologique
Durant la plus longue partie de son histoire, et à peu près jusque vers la fin du XIXe siècle, à l’exception des poètes, artiste, philosophes, et des société traditionnelles (restées en quelques sorte au stade de la biocénose), l’homme ne s’est jamais préoccupé du type de rapports qu’il entretenait avec la nature ni des impacts qu’il exerçait sur les ressources naturelles. Au plus sa puissance et ses moyens d’intervention s’accroissaient, au plus il détruisait la naturelles et polluait la biosphère. C’est la période de l’ignorance écologique, doublée de surcroît d’un vide éthique en ce qui regarde la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la nature et de ses ressources. Cette double carence favorisait le triomphe des forces brutes, la domination des approches matérialistes et économistes.
• Réaction devant la dégradation de la nature (1871-1872)
Une nouvelle manière de voir les choses émergea, à très petite échelle, vers la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion à la fois de naturaliste et de penseurs. Il devenait perceptible à une minorité, surtout en Amérique du nord, que les dégradations mésologiques ne pouvaient se perpétuer au risque d’engendrer des catastrophes considérables. Il est intéressant de noter ici la convergence, dans ce renouveau conceptuel, de deux types de réflexion, scientifique, d’une part, éthique, de l’autre. Cette révolution mentale se traduisant, de manière tangible, par la création, en 1872, du premier parc national (parc de Yellowstone). Elle allait ouvrir une voie irréversible vers un grand mouvement pour la protection de la nature.
• Début de l’écologie (1920-1935)
La science cependant restait toujours sans réponse sur les relations entre l’animé et l’inanimé, les organisations vivants et le milieu abiotique ; elle était paralysée par les idées du fixisme de Cuvier. Il fallut attendre 1920, alors que Thienemann proposa ses lois de biocénotique fondamentales qui mirent pour la première fois en évidence les interactions dynamiques entre biocénoses et biotope.
Faut-il rappeler à ce propos que le terme « Ökologie » ne fut utilisé, pour la première fois, qu’en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel et que le concept d’ « écosystème », que l’on doit à l’Américain Tansley, remontre à 1935 seulement. C’est dire donc pendent longtemps, botanistes et zoologiste ne se sont guère souciés de la pérennité des habitats naturels du globe et de la survie des espèces végétales et animales.
Cette notion, particulièrement riche, contribua à faire à faire évolue les concepts dans le domaine des rapports entre l’homme et ses ressources. Alors que le fixisme avait donné lieu au concept de protection intégrale, le concept d’écosystème conduisit à l’idée de conservation, notion complexe qui englobe protection et aménagement rationnel.
Mais il faut remarquer que les travaux des écologistes, à cette époque, ne sortaient pas des cénacles scientifiques. Le monde restait caractérisé par des conflits de toute nature, l’exploitation désordonnée des hommes et des ressources naturelles, la contamination des milieux de vie. La science poursuivait sa trajectoire fulgurante et donna lieu à une nouvelle source d’énergie, l’énergie nucléaire.
• Chaos (1940-1967)
Le pic du chaos fut atteint avec la deuxième guerre mondiale. L’immédiat après guerre se caractérise par une courte période de latence qui précède l’éclatement d’une série de crises profondes qui vont secouer les 2 tiers du XXe siècle :
1. La décolonisation qui met en évidence le fossé existant entre les pays riches et les pays pauvres ;
2. Les pollutions accrues et accentuation de la dégradation des systèmes vivantes et des cadres de vie.
Le dénominateur commun de ces deux crises est la dégradation de la biosphère. Cette dégradation existait depuis longtemps et était connue dans les milieux scientifiques préoccupes de l’avenir des ressources naturelles du globe, comme l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ; Mais le grand public, les médias, les hommes politique continuaient à ignorer le gouffre qui s’ouvrait sous leurs pas. Mais bientôt commercèrent complexe, fertile en remises en question de tous ordres et riche sur le plan conceptuel.
• Prise de conscience de la crise de l’environnement humais (1960-1970)
Il faut souligner l’émergence, vers la fin des années 60, et l’affirmation progressive durant les années qui suivirent d’une nouvelle capacité des hommes, celle de percevoir les risques que leur font courir la dégradation de leur milieu de vie et ses répercussions sur la qualité de la vie. Deux groupes de catalyseurs sont intervenus ici, étroitement couplés et interagissant : l’intervention de ce que l’on peut appeler des groupes de réflexion (organisme de Nations Unies, groupes d’experts, société savantes, Club de Rome) et l’intervention des médias. Grâce à eux, l’information est parvenue au public et y a déclenché une multitude de réactions, engendrant notamment la création de groupes de pression, aux idéologies les plus diverses, mais qui avaient en commun le souci de comprendre les problèmes qui se posaient dans l’environnement et la volonté d’agir pour que, de son côté, la puissance publique s’en préoccupât et prenne les mesures nécessaires pour y porter remède.
Le tournant des décennies 60 et 70 a engendré une vaste réflexion sur les problèmes de l’utilisation des ressources naturelles et peut être considéré comme un tournant dans la pensée universelle. La prise de conscience de la nécessité de modifier les rapports de force entre l’homme et la nature, l’émergence d’un sens nouveau des responsabilités vis-à-vis des ressources naturelles, l’impérieux besoin de tempérer la puissance destructrice de l’homme et de contrôler ses impacts, la naissance d’une réflexion éthique et l’intérêt pour une approche nouvelle, tenant compte de la qualité et non seulement de la quantité, sont d’incontestables acquis de ce que, recul du temps, on peut appeler la révolution de l’environnement des années 70.
Ce débat, qui est loin d’être clos, opposait les tenants du statut quo – qui n’étaient pas encore prêts à modifier leurs attitudes et leurs comportements et qui furent souvent lents à comprendre l’inéluctable nécessité de changement drastiques dans la gestion des ressources, trouvant plus confortable de s’accroche à un passé périme – à ceux qui, de plus en plus nombreux dans la société, pressentaient, plus ou moins confusément,que quelque chose devait changer, de toute évidence, si l’on voulait éviter que les menaces qui pèsent la survie de l’homme sur la terre ne s’amplifiassent.
• 3e Révolution industrielle (1980 à ce jour)
▪ Révolution de l’informatique
Mais notre époque, c’est là un fait particulièrement notable, se caractérise aussi par ce que l’on peut appeler la révolution post-industrielle, la révolution de l’informatique ou la 3e révolution industrielle. En d’autres termes, malgré les crises qui secouent les sociétés, la science et la technologie poursuivent inexorablement leur cheminement : conquêtes ; ingénierie ; génétique ; biotechnologies ; informatique.
La décennie 1980 marque un profond à l’échelle planétaire. Elle constitue une nouvelle césure dans l’histoire de l’humanité, la troisième, venant après la révolution néolithique (2e césure) et la deuxième révolution industrielle (3è césure). La révolution de l’informatique ouvre une ère nouvelle qui marque la société tous les domaines de l’activité humaine. Elle s’appuie sur l’ordinateur, la télématique, les réseaux câbles, la cybernétique, la robotique, la réalité virtuelle, les autoroutes, de l’informatique, etc.
• Révolution biotechnologique
Biotechnologies, ensemble de méthodes et techniques utilisant les capacités génétiques et physiologiques du vivant pour mettre au point et développer de nouveaux produits.
Les biotechnologies intègrent les progrès de plusieurs disciplines telles que la microbiologie, la biochimie, la génétique, la biologie moléculaire ou l’informatique, et engendrent une panoplie d’outils susceptibles de bouleverser de multiples secteurs industriels et de modifier l’environnement.
A côté de l’informatique, de la robotique et des télécommunications, les biotechnologies comptent parmi les grandes percées technologiques de l’heure. Considérées comme la seconde grande révolution industrielle de l’histoire par certaines, les biotechnologies constituent un puissant complexe scientifique résultant de la convergence entre la révolution industrielle des micro-organismes, des cellules animales, végétales et de leurs constituants.
CHAPITRE III. ADEQUATION ENTRE LA GESTION DES RESSOURCES ET LES EXIGENCES D’UN ENVIRONNEMENT HUMAIN.
Tous les problèmes que l’on connaît dans le monde d’aujourd’hui sont essentiellement liés aux difficultés qu’il y a à répondre aux vrais besoins de hommes. Qu’il s’agisse de l’insatisfaction des besoins de base (aliments, énergie, logement, santé, hygiène, éducation, etc.) à cause du maque de ressources naturelles ou de difficultés de leur mise en forme – cas des pays en développement surtout - , ou de difficultés qu’il s’agisse de difficultés sur le plan relationnel – cas qui se posent davantage dans les société industrialisées –tout concourt pour affirmer que les atteintes aux ressources et ses impacts sur l’homme conduisent inexorablement à ce que d’autre ont appelé la « pathologie de l’environnement » C’est en réalité la question de la qualité de la vie et du bien – être qui préoccupe davantage les hommes plutôt que la gestion durable des ressources. Les concepts de la qualité de vie et du bien – être, bien que difficiles à appréhender, doivent pourtant être bien compris si l’on veut utiliser les ressources et aménager l’espace en vue de répondre adéquatement aux besoins de notre société.
L’ensemble hommes – biosphère est un système dynamique, une structure instable qui se complexe sans cesse du fait des acquisitions de la science et de la technique. Il induit chez beaucoup de difficultés d’adaptation du fait de l’écart qui se creuse entre la rationalité scientifique et les hommes qui, de plus en plus souvent, ne comprennent plus le monde où ils se trouvent et cherchent divers palliatifs. Aussi, les objectifs à poursuivre dans l’utilisation des ressources doivent –ils viser à apporter dans toute la mesure du possible les correctifs qui s’imposent. Car, la ressource principale est formée par les hommes eux-mêmes.
Dans les siècles, passés, des générations d’hommes ont été perdues, sacrifiées par les guerres, l’esclavage sous toutes ses formes, la fantaisie et le fanatisme des puissants. Il en est, hélas, à bien des endroits, toujours de même aujourd’hui, et on se trouve devant une situation qui a de quoi interpeller notre conscience. Ne sommes –nous pas en train de gaspiller des ressources humaines ? Que doit-on penser des certaines de milliers de personnes qui, en RDC, sont des assistés, des milliers de chômeurs et des milliers des milliers d’adolescents dont l’équilibre mental a atteint un tel niveau de fragilité qu’ils ne voient pas d’autre recours que la rue (cas des « Phaseurs » ou se donner la mort. Il convient de toute évidence d’aménager un cadre de vie qui soit bénéfique à tous.
Dans un contexte à ce point complexe, tant sur le plan de la gestion des ressources naturelles (déclin des forêt, dégradation des sols, raréfaction de la faune sauvage), que sur celui de la pollution du milieu ambiant (pollution atmosphérique, destruction de la couche d’ozone et effet de serre ; pollution de eaux ; pollution sonore et radioactive ; pollution par les déchets toxiques), des impact de la technologie sur l’environnement et de l’aménagement du territoire,on peut se demander si tous les efforts ont été faits pour corriger la situation présente, prévenir l’apparition nouveaux problème les changements présents et à venir.
CHAPITRE IV. EVOLUTION DE LA SITUATION EN RDC : Du laisser faire à la prise de conscience
4.1. SITUATION PASSEE
▪ Situation avant 1960
La notion de gestion rationnelle des ressources naturelles commence en RDC à l’époque coloniale, particulièrement dès l’intensification de l’exploitation et l’exploitation de ressources naturelles vers les pays d’Europe. C’est le cas notamment du cuivre, de l’or, du diamant, du charbon, du caoutchouc, du bois d’œuvre, etc. Dans l’histoire de la RDC, cela se situe au courant des décennies 19430, 1940 1950, périodes au cours desquelles seront prise un certain nombre d’actes juridiques importance. Il s’agit par exemple, en ce qui concerne les forêts et ses ressources naturelles, du décret du 11 avril 1949 portant régime forestier, qui modifie celui du 13 juin 1936 sur l’exploitation forestière des forêts domaniales, ce dernier ayant modifié celui du 4 avril 1934.
L’on peut lire clairement dans les lignes de l’exposé des motifs du premier acte cité ceci : « plutôt que de suivre le développement de l’exploitation forestière, il y a lieu désormais de la promouvoir suivant des normes dictées parla sylviculture », fin de citation. Il est également ajouté ceci : « s’il importe de favoriser le développement de l’exploitation forestière, il faut en même temps ménager l’avenir, c’est-à-dire assurer la pérennité du capital forestier », fin de citation.
Au titre 1, article 1, le régime forestier est clairement définir comme étant « l’ensemble de règles spéciales régissant l’administration, l’aménagement, l’exploitation, la surveillance est la police de forêts ». Ceci indique qu’en RDC, la préoccupation de la pérennisation de la ressource a toujours existé dans le chef des autorités politiques et administratives.
Soucieux de préserver les ressources forestières et de prévenir la surexploitation, plusieurs cadres des recherche seront crées, étant entendu que la gestion durable des ressources forestiers ne peut être un succès sans la maîtrise scientifique du milieu naturel, c’est-à-dire une parfaite connaissance des ressources et des mécanismes qui régissent la forêt.
A ce titre, l’Institution des Nationaux du Congo Belge, dont le mandat sera d’assurer la protection de la faune et de la flore, de favoriser la recherche scientifique et d’encourager le tourisme dans les aires protégées, sera mis en place par décr9t du 26 novembre 1934. De nombreux travaux de recherche seront ainsi menés et porterons notamment sur :
• Des études de la flore, des types de formation végétales et de la faune ;
• Des études biologiques, écologiques et biogéographiques ;
• Des études géomorphologiques ;
• Des études d’habitat et d’autres.
Une deuxième institution scientifique de recherche dénommée « Institut national pour l’étude agronomique du Congo Belge » (I.N.E.A.C.) sera crée par décret du 21 novembre 1939, dont le mandat principal sera de promouvoir le développement scientifique de l’agriculture incluant la foresterie. La recherche forestière menée par cette institution portera essentiellement sur :
• La poursuite des études systématiques et botaniques des essences forestière ; La biologie des essences (phénologie, dissémination des graines et régénération) ;
• Des essais d’introduction des essences exotique ;
• Des études des associations forestières, types de forêts et de leur milieu écologique ;
• La recherche des principes d’évaluation et de régénération forestière ;
• L’élaboration d’une doctrine de conservation, d’aménagement et d’enrichissement des forêts ;
• Des études sur la technologie, l’exploitation et l’utilisation des produits forestiers.
Cet exemple montre à suffisance qu’avant l’indépendance de notre pays,ainsi que quelques années après celle-ci, un effort était fait pour une gestion rationnelle des ressources et éviter le gaspillage. Cet effort était appuyé par un faible taux démographique dans le pays. En effet, la RDC comptant environ 13 millions d’habitants en 1955, ce qui contribua à tempérer les impacts de dégradation des ressources.
▪ Situation après 1960.
Quelques années l’accession du pays à la souveraineté nationale, on peut dire que la situation en RDC, en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles, s’est caractérisée par une absence de planification, tant sur le plan de la l’utilisation des ressources que de l’aménagement du territoire. L’histoire de la gestion des ressources s’est distinguée par un libéralisme très marqué dont on peut donner plusieurs exemples :
• Des vastes concessions forestières ont été attribuées aux exploitant forestiers (soit 36 millions d’hectares jusqu’en 1999) ;
• L’agriculture itinérante sur brûlis est restée la méthode encore en vogue pour plus de 70% de la population du pays ;
• La chasse et la pêche sont demeurées les principales sources de protéines animales pour plus de70%de la population ;
• La demande en bois de feu et de charbon de bois a toujours connu un accroissement fulgurant. Elle se situait à 45 millions de mètres cubes en 1999 ;
• Les matières premières (minéral surtout) ont constitué la première source de revenus pour l’état et les populations des régions minières ;
• L’urbanisation s’est toujours opérée de manière incontrôlée et inquiétante ;
• Etc.
En bref, nous pouvons conclure que, depuis un certain temps , plusieurs lignes de force ressortissent en matière d’ utilisation des ressources naturelles en RDC :
• Le laisser-faire dû à l’impression d’abondance de ressources ;
• L’utilisation non planifiée des ressources ;
• Le manque d’aménagement ;
• L’urbanisation rapide (de 3,4 millions d’habitant en 1960, la population urbaine est passée à 12 millions en 1984 et à l15 millions en 2000) ;
• La forte pression sur les terres publiques.
4.2. Changement d’attitude dans la gestion des ressources en RDC
Malgré ce tableau sombre, il faut néanmoins reconnaître que les responsable de la gestion des ressources naturelles du pays ont quand même joué un rôle actif .En effet, le gouvernement de la RDC s’est progressivement impliqué dans la mise en œuvre de mécanismes capables de permettre le contrôle de la gestion des ressources. Le fait le plus marquant reste la création, en 1975, d’un ministère de l’environnement et conservation de la nature (Ordonnance n° 75-231 du 12 juillet 1975).
Ainsi, conscient de l’importance des ressources naturelles, le gouvernement de la RDC a, au courant de la décennie 80, encouragé différentes initiatives concourant à la gestion rationnelle et durable des ressources forestières.
Dans un premier temps, l’état a préféré mettre l’accent sur « la maîtrise et la gestion de l’espace physique », en conciliant le développement économique du pays avec celui des provinces. C’est dans ce cadre qu’une esquisse du « Schéma national d’aménagement du territoire » a été élaborée en 1982 par le bureau d’études d’Aménagement et d’Urbanisme (BEAU). Cette esquisse, approuvée par le gouvernement en 1983, a ouvert la voie à l’élaboration des schémas régionaux. Malheureusement, cette initiative s’est arrêtée à quatre provinces (Bas Congo, Nord –Kivu et Sud Kivu, Equateur), la coopération avec la France, bailleur des fonds attitré, ayant été suspendue en 1992.Ces schémas régionaux devraient pourtant constituer un cadre essentiel pour la connaissance du territoire et de ses potentialités ; la définition des perspectives d’avenir et des propriétés d’aménagement ; la sélection et la mise en cohérence des différents projets nationaux, financés sur les ressources d’une manière générale.
Face aux menaces qui pèsent sur les ressources naturelles en général, le gouvernement de la RDC,par le biais de son ministère de l’environnement, conservation de la nature, eaux et forêt, a tenu à rassembler toutes les données disponibles sur sa diversité biologique et formuler une stratégie et un plan d’action national visant à conserver et à user de manière durable les ressources naturelles de son territoire. Cette action, qui s’inscrit dans le volet de la biodiversité du Plan National d’Action Environnementale (PNAE), est consécutive à la mise en œuvre de l’agenda 21 de la conférence de Rio en juin 1992.
Parmi les diverses actions entreprises par le pays depuis ces assises, il y a lieu de retenir :
• La mise sur pied en avril 1994, d’un strict ure de coordination chargée du suivi et de la mise en œuvre de décisions de la conférence de Nations Unies sur l’environnement et développement ;
• L’élaboration, en 1995, d’une monographie nationale sur la biodiversité ;
• La production, en 1996, d’un plan nationale d’action environnementale (PNAE) à l’issue d’un diagnostic sévère sur l’état de l’environnement national ;
• La production, en 1999, d’une stratégie nationale et d’un plan d’action en matière de diversité biologique ;
• L’élaboration en 2000, d’une loi-cadre sur l’environnement qui tient compte du contexte actuel de gestion environnementale et des engagements du pays au regard des conventions aux quelles il a inscrit ;
• La communication nationale initiale sur les changements climatiques.
• La mise en œuvre du projet « forêt et environnement » ;
• Le développement du programme d’appuis à la gestion stratégique de l’environnement, etc.
Jusqu’à tout récemment, le domaine forestier était régi par des lois et règlements datant de l’époque coloniale .il s’agissait du décret royal du 11 avril 1949 portant code forestier. Un « Guide de l’exploitant forestier » avait été publié en 1984 et regroupait quelques textes réglementaires se rapportant essentiellement à l’exploitation forestière.
Dans le but d’actualiser le vieux code forestier, un projet avait été préparé en 1979, puis révisé et amandé deux fois, en 1989 et en 2002. Sa promulgation par le Chef de l’Etat est intervenue en août 2002 après sa validation par les parties prenantes en mars 2002 et son adoption par le parlement en juin de la même année.
La loi 011/2002 portant code forestier prévoit le classement des forêts en trois catégories
▪ Les forêts classées ;
▪ Les forêts protégées ;
▪ Les de protection permanente qui sont soutirées des forêts protégées.
Les deux dernières catégories font partie du domaine privé de l’Etat qui peut les concéder à des tiers pour exploitation moyennant certaines conditions. Dans les forêts classées par contre l’exploitation forestière ne peut s’exercer, hormis les droits d’usage des populations rurales et autochtones.
Aussi, certains secteurs, dont notamment le secteur forestier et celui des aires protégées, ont particulièrement retenu l’attention des décideurs et des plans sectoriels d’orientation des politiques et de gestion des ressources naturelles ont été élaborés.
4.2.1 Secteur forestier
Le secteur forestier est sans doute celui qui a fait l’objet d’une planification soutenue étant donné son importance et sa contribution potentielle au développement socio-économique du pays.
La définition de la forêt est complexe et donc sujette à controverses. Elle tient compte de la surface, de la densité, de la hauteur des arbres et du taux de recouvrement du sol.
Du point de vue botanique, une forêt est une formation végétale, caractérisée par l'importance de la strate arborée, mais qui comporte aussi des arbustes, des plantes basses, des grimpantes et des épiphytes.
Du point de vue de l'écologie, François RAMADE définit la forêt comme étant « des écosystèmes dont la couverture végétale dominante est constituée par des arbres. En écologie, le terme forêt concerne les formations végétales dont la frondaison est continue (forêt fermée). Lors que la couverture est discontinue, on parle de boisements ouverts ».9(*)Elle interfère de façon déterminante avec le cycle de l'eau et avec celui des divers éléments biogènes.
Du point de vue légal, le code forestier congolais définit la forêt comme étant :
• « les terrains recouverts d'une formation végétale à base d'arbres ou d'arbustes aptes à fournir des produits forestiers, abriter la faune sauvage et exercer un effet direct ou indirect sur le sol, le climat ou le régime des eaux ;
• Les terrains qui, supportant précédemment un couvert végétal arboré ou arbustif, ont été coupés à blanc ou incendiés et font l'objet d'opérations de régénération naturelle ou de reboisement.
Par extension, sont assimilées aux forêts, les terres réservées pour être recouvertes d'essences ligneuses soit pour la production du bois, soit pour la régénération forestière, soit pour la protection du sol. ».
De ce qui précède, il ressort que la définition légale énoncée embrasse plusieurs catégories de forêts. Il ne s'agit pas de la forêt, mais de plusieurs types de forêts. Plutôt qu'une définition générale, abstraite et impersonnelle, le législateur s'est livré à une description des forêts. Il les a caractérisées de manière extrêmement large jusqu'à s'éloigner même du sens ordinaire du terme.
Nous entendons, par produits forestiers non ligneux, les noix, les feuilles, les fruits, les écorces, le bois de chauffage, les champignons, le rotin, la viande de brousse, les chenilles et la sève de palme notamment, et de manière générale, les produits dont le prélèvement est compatible avec les principes d'une gestion durable et non extractive des forêts. Ces produits sont essentiels pour la subsistance des populations dépendant de la forêt et ont, en plus de leur attrait économique ou alimentaire, une importance sociale, culturelle et spirituelle. Ils constituent une source importante de revenus et de subsistance pour les populations, et qu'elles permettraient donc de réduire la pauvreté en République Démocratique du Congo.
En 1984, se tenait à Kinshasa le premier symposium sur « la forêt : richesse nationale à préserver » qui a établi un diagnostic approfondi du secteur et proposé différents remèdes devant permettre de le redynamiser.
En 1987, la banque finançait l’ Institut International pour l’Environnement et le développement (IIED) en vue d’aider le pays à identifier les contraintes à l’essor du secteur forestier.
Fort de diagnostique et sur la base des principes du Programme d’Action Forestier tropical (PAFT) adopté en 1985 par la F.A.O, la RDC, bénéficiant du leadership du Canada, a élaboré son Plan d’Action Forestier National (PAFN).
Pour les cinq domaines prioritaires du PAFT de la RDC a retenu 97 actions à entreprendre à court, moyen et long termes dans but d’harmoniser le secteur forestier avec les autres secteurs économiques du pays.
Malheureusement, en dehors de quelques actions formulées pour les aires protégées du Nord Kivu,Sud Kivu de la province Orientale et du Bas Congo et pour lesquelles des financement ponctuels ont été octroyés, la mise en œuvre de ce PAFN n’est pas encore effective.
Quelques plans d’aménagement des forêts de production ont été élaborés par le Service Permanent D’inventaire et d’Aménagement forestier (SPIAF) entre 1985 et 1991. Ils visent essentiellement l’exploitation soutenue de la matière ligneuse sans compromettre le capital initial. Il s’agit principalement du plan d’aménagement des forêts du Bas fleuve, du plan d’aménagement des forêts claires du Katanga Méridional, du plan d’aménagement des forêts de montagne du Nord Kivu.
Des modèles d’aménagement des territoires à fortes pression humaines ont aussi été élaboré en vue de pallier la demande en énergie bois, la dégradation des terres agricoles et surexploitation des lambeaux forestiers dans les environs des grands centres urbains. Il s’agit notamment de lignes directrices de l’aménagement des lambeaux forestiers des environs de Kinshasa (1996) et du modèle d’aménagement des zones périurbaines de l’hinterland minier Shaba (1991).
• De la gestion durable des forêts
La gestion durable des forêts est le processus de gestion forestière visant à atteindre un ou plusieurs objectifs de gestion clairement spécifiés en matière de production d'un flux continu de produits et services forestiers souhaités sans qu'une telle production ne se traduise par une réduction indue des valeurs intrinsèques et de la productivité future de la forêt exploitée et sans effets indésirables excessifs sur l'environnement physique et social. Elle est mise en oeuvre sur la base d'un titre légal, d'une durée compatible avec les objectifs retenus dans une perspective de gestion durable.
Elle repose sur la conservation de la diversité biologique et la réalisation des fonctions économiques de la forêt. Elle implique des options raisonnables pour gérer et protéger le massif forestier mondial contribuant notamment à la stabilisation du climat.
Ce concept combine la production de bois et de P.F.N.L. avec la conservation des sols, de l'eau et de la diversité biologique, en même temps que sont préservées, voire renforcées, les valeurs socioéconomiques, culturelles et spirituelles associées aux forêts.
En effet, l'application du concept de développement durable à la forêt a été consacrée par la Conférence de Rio, car la gestion durable est alors apparue comme une solution séduisante permettant de marier mise en valeur de la forêt correspondant aux nécessités socio-économiques et conservation destinée à protéger le patrimoine forestier et les besoins des générations futures.
La gestion durable des forêts a été reconnue par les Parties de la Convention sur la diversité biologique en 2004 comme étant un moyen concret d'appliquer l'approche par écosystème aux écosystèmes forestiers.
• De l'exploitation forestière
L'arrêté ministériel du 03 octobre 2002 fixant les mesures applicables à l'exploitation forestière définit en ces termes l'exploitation forestière :
« Au sens du présent arrêté il faut entendre par exploitation forestière, la coupe de bois et le prélèvement des produits forestiers non ligneux. L'exploitation forestière comporte également d'autres activités telles que l'utilisation de la forêt à des fins culturelles, touristiques ou récréatives ».
Cet arrêté ministériel présente le mérite de mettre ensemble les éléments constitutifs de la définition de l'exploitation forestière contenus dans les articles 1 alinéa 7 et 96 de la loi du N°011/2002 du 29/08/2002 portant code forestier.
4.2.2. Secteur des aires protégées
En République Démocratique du Congo, on distingue quatre principaux types d'aires protégées: les parcs nationaux, les domaines de chasse et les réserves apparentées, les réserves de la biosphère et les réserves forestières. À ces aires protégées s'ajoutent les jardins zoologiques et botaniques ainsi que les secteurs sauvegardés.
L'objectif du gouvernement est de porter à 15 % de la superficie du pays l'étendue des aires protégées, soit 350.000 Km 2, de manière à représenter dans ce réseau les différents écosystèmes naturels qui traduisent la diversité biologique propre au Congo.
Les aires protégées comprennent 7 parcs nationaux notamment les parcs de Garamba, de Kahuzi-Biega, de Kundelungu, de la Maiko, de la Salonga, de l' Upemba, de Virunga et 62 domaines et réserves de chasse, dont 5 sites classés parmi les sites du Patrimoine mondial par l'UNESCO, à savoir la réserve de faune à Okapi (1966), le parc national de Virunga (1974), le parc national de la Garamba (1980), le parc national de Kahuzi-Biega (1980), et le parc national de la Salonga. Elles comprennent en outre, 1 réserve de faune, 7 réserves et 28 domaines de chasse. Ces sites sont administrés par l'ICCN.
La réserve de faune des Okapis fut créée en 1992. La superficie totale des parcs nationaux et réserves de faune atteint près de 10 millions ha, soit près de 5% de la superficie totale du pays.
Sur le plan biogéographique et écologique, ce réseau couvre assez bien les principaux écosystèmes du pays, mais certaines lacunes subsistent. Il ne protège pas certaines régions qui abritent pourtant des espèces endémiques :
• La région forestière du Mayombe, l'extrémité méridionale des forêts atlantiques ;
• Les forêts inondées et inondables du centre de la Cuvette centrale ;
• La région de la haute Maringa et de la Lopori dans la cuvette centrale ;
• Les galeries et savanes du Kasaï ;
• Les forêts de l'interfluve Lomami-Lualaba ;
• L'Itombwe, la zone la plus riche des montagnes du rift Albertin.
La gestion de ces aires protégées est extrêmement difficile par le fait que l'ICCN est dépourvu de moyens humains, techniques et financiers :
• Certains parcs nationaux créés dans les années '70 n'ont jamais été équipés ;
• Les infrastructures existantes ont souvent été détruites par la guerre ;
• Le personnel, très mal rémunéré, est mal formé et vieillissant du fait qu'il n'y a pas d'argent pour la mise à la retraite ;
• L'insécurité réduit les moyens d'action.
Les efforts dans ce secteur ont porté essentiellement sur la question des parcs nationaux. Quelques plans directeurs ont été élaborés pour ces parcs mais leur mise en application reste mitigée.
Le plan directeur du parc national des Virunga, élaboré en 1994, attend toujours d’être publié et ses données de base risquent de perdre de leur actualité, notamment avec l’impact des réfugiés ruandais durant l’année 1994 et de la guerre que connaît le pays depuis août 1998.
Le plan de gestion du parc national de Kahuzi-biega a connu un début d’exécution grâce à l’appui financier de la Coopération Technique Allemande durant la période où le pays était encore en coopération bilatérale et multilatérale avec l’étranger.
Au même titre, la réserve de faune à okapi devrait être dotée du plan de développement sur financement de la banque mondiale. Cette même institution a en outre appuyé l’institut congolais pour la conservation de la nature en vue d’élaborer un plan de gestion pour le parc marin de mangroves. Le processus de réalisation de ce plan a été malheureusement bloqué à la suite de l’arrêt de la coopération avec la Banque Mondiale.
Un plan directeur de développement du tourisme a été produit en février 1995 et se rapporte également aux aires protégées. Il vise la promotion du tourisme sous toutes ses formes, sans préjudices à l’environnement
Il faut signaler que, par ailleurs, l’élaboration des plans d’action des réserves de la biosphère dont le rôle est de promouvoir la recherche écologique et sylvicole. Des trois réserves de la biosphère de la RDC (Luki, Yangambi et Lufira), seule celle de la Luki a fait, mais alors timidement, l’objet de développement rural intégré. Un programme minimal de réhabilitation de cette réserve est en élaboration.
4.2.3. Autres Secteurs (faune, eaux, terres, mines)
Des dispositions et actes ont aussi été pris dans d’autres secteurs tels que celui de la faune, des eaux, des terres, des mines.
Si la chasse est régie par la loi n° 82-002 du 28 mai 1982 et la convention de Washington du 03 mats 1973 sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (CITES), la pèche par contre reste encore régie par le décret du 21 avril 1937 et 12 juillet 1932. Un directeur de pêche a été cependant élaboré en 1987.
Les eaux sont assujetties aux lois n°73-001 du 20 juillet 1973 et n°74-009 du 10 juillet 1974 et au décret du 6 mai 1952 relatif aux concessions et à l’administration des eaux, des lacs et des cours d’eaux. Par ailleurs, un forum sur la politique nationale de la pêche et des ressources en eau s’est tenu en mai 2000 à Kinshasa. Au cours de ce forum, il a été recherché un consensus sur les politiques nationales de la pêche et des ressources en eau en vue du renforcement des capacités institutionnelles et de l’amélioration des performances de production dans ces deux secteurs.
Quant au sol et sous-sol, il sont réglementés par la loi n° 93-001 du 2 avril 1993 et par celle n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier. Les conditions de leur concessions et utilisation sont fixées par ces lois. Elles stipulent que le sol et le sous-sol appartiennent à l’Etat. En matière des mines et carrière, elles étaient jusqu'à tout récemment réglementées par l’ordonnance loi n° 81-002 du 02 avril 1981 portant législation générale sur les mines et les hydrocarbures. La loi n°007/2002 portant code minier a été adoptée par le parlement de transition au courant du moi de juin 2002 et promulguée par le président de la République le 11 juillet 2002. Elle permettra désormais d’assurer un gestion et une exploitation durable de cette ressource en RDC.
Une controverse est cependant à relever en matière de sol et de sous-sol et constitue un blocage à la gestion durable des terres ; alors que le chef coutumier considère toujours que le sol et le sous-sol de leurs ancêtres leur appartiennent toujours, les lois en vigueur, quant a elles, stipulent que les terres occupées par les communautés locales devenaient, à partir de l’entré en vigueur des lois précitées, des terres domaniales. Les terres occupées par les communautés sont celles que les communautés habitent, cultivent ou exploitent d’une manière quelconque individuelle ou collective - conformément aux coutumes et usages locaux. Ce qui signifie tout simplement que les communautés n’ont que des droits de jouissance sur les terres concernées.
En ratifiant la convention internationale sur la diversité biologique le 15 septembre 1994, la RDC s’est engagée à mettre en œuvre tous les moyens pour protéger et utiliser de façon durable l’ensemble des ressources naturelles de son territoire.
CHAPITRE 5. OBJECTIFS A POURSUIVRE DANS LA GESTION DES RESSOURCES
Examinons à présent ce que devraient être les objectifs en matière de gestion des ressources. Car , il faut être réaliste, la longue période de laisser faire, de gaspillage et de dégradation des ressources ne pourra être corrigée avant longtemps, et dans bien des cas phénomènes irréversibles risquent même d’apparaître.
Cinq objectifs essentiels peuvent être considérés ici. Il s’agit de :
1. L’objectif de développement des ressources ;
2. L’objectif de conservation des ressources ;
3. L’objectif de restauration des ressources ;
4. L’objectif d’aménagement du territoire ;
5. L’objectif de lutte contre la pollution des milieux de vie et de contamination de l’homme.
5.1. Objectif de développement des ressources : économie versus éthique
L’utilisation des ressources naturelles et l’aménagement du territoire dérivent de la nécessité de répondre aux besoins, extrêmement diversifiés des hommes :
Alimentation, énergie, abri, vêtements, santé, éducation, esthétique, culture, affection (stimulations émotionnelles), etc. On a souvent considéré que les objectifs des l’utilisation des ressources étaient d’ordre économique : mettre en valeur, développer pour assurer la croissance économique et tirer des revenus de l’exploitation du territoire et de ses ressources. Cette approche sectorielle a conduit, en RDC et partout ailleurs, à la situation que nous avons décrite ci-haut.
En réalité, ce qu’il convient de faire, c’est situer les interventions visant les ressources dans une perspective globale et les subordonner à des finalités dictées par l’éthique. L’utilisation strictement économique se solde, comme cela a été le plus souvent le cas, par des impacts négatifs à la fois sur les plans sociaux et écologiques. A côté des objectifs économiques, il est impérieux de prendre en compte les dimensions socioculturelles et écologiques : il s’agit en définitive de viser le bien-être de la population idée de qualité de l’environnement et concept de qualité de la vie. En d’autres termes, tout territoire ne doit plus être organisé en vue de sa seule exploitation économique, du seul profit, mais en vue de procurer à sa population une qualité certaine d’équipements, de service et un cadre de vie valorisant ; les préoccupations sociales doivent donc l’emporter sur celles d’efficacité (économique). Il faut également tenir compte des impératifs éco systémiques et veiller à l’utilisation durable des ressources. Les préoccupations esthétiques sont, elles aussi, d’une grande importance, car elles contribuent à la qualité de l’environnement et à la qualité de la vie.
Trois finalités sont donc à poursuivre dans l’aménagement du territoire et la gestion des ressources :
1. L’utilisation durable des ressources ;
2. L’organisation optimale de l’habitat ;
3. L’instauration d’un environnement de qualité, c’est-à-dire un environnement qui permette le plein épanouissement des individus et des groupes sociaux.
5.2. Objectif de conservation des ressources
Le terme conservation doit ici être pris dans sa double acceptation, car ce terme, nous l’avons déjà souligné, en globe à la fois suivant les circonstances et les conditions où l’on se trouve protection (aspect statique) et mise en valeur ou aménagement rationnel (aspect dynamique). Plusieurs organisations internationales de même que la communauté internationale se sont déjà penchées sur les objectifs à poursuivre dans l’utilisation des ressources. Les documents les plus marquants dans ce domaine sont nombreux : stratégie mondiale de la conservation (1980) de l’UINC, charte mondiale de la nature (1982) dont la RDC est l’initiatrice, sauveur la planète, stratégie pour l’avenir de la vie de l’UINC-PNUE-WWF (1990), déclaration de Rio et Agenda 21 adoptés lors de la conférence des nations unies sur l’environnement et le développement en 1992, déclaration de Séville ou stratégie du réseau mondial des réserves de biosphère adoptée en novembre 1995 lors de la conférence générale de l’UNESCO, déclaration d’Antalaya adoptée en 1997 lors du 11ème congrès forestier mondial (FAO) relative à la gestion durable des forêts et dont le thème principal était « la foresterie au service du développement durable : vers le XXIème siècle ». Examinons quelques uns de ces textes fondamentaux.
5.2.1. Stratégie mondiale de la conservation (1980)
La stratégie mondiale de la conservation vise à donner une orientation plus précise à la gestion des ressources vivantes (faune et flore). Pour ce faire, la stratégie précise trois objectifs principaux qui ont une validité universelle et que nous retenons ipso facto pour la RDC.
Objectif 1 : Maintenir les processus écologiques essentiels et les systèmes entretenant la vie, dont dépendent la survie et le développement de l’humanité.
La terre ne doit pas être considérée comme un système isolé, mais comme un sous-système qui tire son énergie du rayonnement solaire grâce à la synthèse chlorophyllienne qui permet la réactivation de la matière inerte.
En conditions naturelles, l’équilibre se maintient pour deux raisons essentielles :
1. Les écosystèmes sont branchés sur l’énergie solaire ;
2. Les systèmes biologiques cycliques. C’est ce caractère cyclique des systèmes vivants qui leur assure une pérennité.
Mais si les planificateurs, les aménagistes, les gestionnaires et exploitants des ressources naturelles avaient présent à l’esprit ces principes, ils hésiteraient à gaspiller les stocks énergétiques et à détruire sans mesure les systèmes vivants, qui introduisent, au sein de l’univers, une cohérence spatialement circonscrite et temporaire.
Ce premier objectif consiste donc à gérer les ressources renouvelables de telle manière que les processus cycliques, indispensables à la persistance des éco systèmes, puissent se dérouler adéquatement. Parmi ces processus cycliques, on peut mentionner la régénération des sols, le recyclage des éléments biogènes (cycle de la matière ; cycle biologique des eaux douces) et les processus d’autoépuration naturelle des eaux.
Objectifs 2 : Préserver diversité génétique, c’est-à-dire la gamme de matériel génétique qui existe dans tous les organismes vivants.
Cet aspect est fondamental tant qu’il est vrai que les programmes de sélection, qui est nécessaires à l’amélioration des plantes cultivées, des animaux domestiques et des microorganismes, sont tributaires de la persistance des stocks de gènes des animaux et végétaux sauvages.
Cet objectif repose sur les lois fondamentales de la biocénotique que l’on doit à Thienemann et à Franz. Ces lois lient les paramètres d’état de la biocénose, à savoir sa diversité, sa richesse et sa stabilité dynamique, et montrent que plus un écosystème est organisé, plus il est diversifié, riche en espèces et plus il est stable.
Objectif 3 : Veiller à l’utilisation durable des espèces et des écosystèmes
On trouve ici, sous une autre forme, le principe classique de l’aménagement forestier, le principe du rendement soutenu. En d’autres termes, la gestion des ressources doit veiller à ne pas porter atteindre aux mécanismes d’équilibre des écosystèmes.
Ces trois objectifs restent universels, leur application implique des politiques et des stratégies de gestion des ressources qui soient cohérentes et coordonnées.
5.2.2. Charte mondiale de la nature (1982)
Adoptée et proclamée solennellement par l’assemblée des nations unies le 28 octobre 1982, la charte est en fait une remarquable synthèse de la stratégie de la conservation. Elle en reprend la substance en 24 articles dont nous reprenons les quelques extraits suivants :
a) « L’humanité fait partie de la nature et la vie dépend du fonctionnement ininterrompu des systèmes naturels qui sont la source d’énergie et de matières nutritives,
b) La civilisation a ses racines dans la nature, qui a modelé la culture humaine et influencé toutes les œuvres artistiques et scientifiques, et c’est en vivant en harmonie avec la nature que l’homme a les meilleurs possibilités de développer sa créativité, de se détendre et d’occuper ses loisirs ».
La charte ne propose pas d’objectifs mais définit cinq principes généraux qui en tiennent lieu ; les quatre premiers sont :
1. La nature sera respectée et ses processus essentiels ne seront pas altérés,
2. La viabilité génétique de la terre ne sera pas compromise ; la population de chaque espèce, sauvage ou domestique, sera maintenu au moins à un niveau suffisant pour en assurer la servie ; les habitants nécessaires à cette fin seront sauvegardés,
3. Ces principes de conservation seront appliqués à toute partie de la surface du globe, terre ou mer ; une protection spéciale sera accordée aux parties qui sont uniques, à des échantillons représentatifs de tous les différents types d’écosystèmes et aux habitants des espèces rares ou menacées,
4. Les écosystèmes et les organismes, de même que les ressources terrestres, marines et atmosphériques qu’utilise l’homme, seront gérés de manière à assurer et maintenir leur productivité optimale et continue, mais sans compromettre pour autant l’intégrité des autres écosystèmes ou espèces avec lesquels ils coexistent.
5.2.3. Déclaration de Rio et Agenda 21 (ou Action 21)
Une conférence des nations unies sur l’environnement et le développement (CNUED) s’est tenue à Rio de Janerio, au Brésil, du 3 au 14 juin 1992. Cette conférence a permis, dans les affaires internationales, de porter sur le devant de la scène les questions et préoccupations concernant l’environnement mondial. Elle a donné la priorité aux forêts et a recommandé que les considérations écologiques soient omniprésentes dans toutes les actions de développement et soient placées au centre de la foresterie. C’est ainsi que l’Agenda 21 et la déclaration juridiquement non contraignante des principes forestiers ont été signés lors de cette conférence.
L’Agenda 21 : est un programme comportant un ensemble de chapitres auxquels toutes les parties prenantes ont souscrit et accepté de coopérer en vue de promouvoir un développement durable et d’améliorer la capacité des individus à s’attaquer aux problèmes d’environnement et de développement. Parmi les activités ou domaines d’Agenda 21, il y a lieu de citer : gestion territoriale, déforestation, désertification, diversité biologique, transfert de technologie, lutte contre la pauvreté, aménagement des bassins fluviaux, participation des femmes, populations autochtones, ONG et collectivités locales etc. des programmes nationaux devraient donc être élaborés dans le cadre de cette action par les pays signataires des accords de Rio (ou déclaration de Rio).
Dans l’ensemble, les trois régions concernées par ces accords (Afrique, Asie, et pacifique, Amérique latine et caraïbes) ont entrepris d’adapter leurs politiques, plans et stratégies antérieures à la CNUED en vue de les harmoniser avec les propositions de la conférence de Rio. Il s’agit là d’une consécration d’un partenariat mondial pour la gestion concerté des ressources naturelles.
La RDC, consciente de la complexité de ses problèmes environnementaux et de l’urgence à y apporter des solutions durables, s’est appropriée des stratégies recommandées par la CNUED. C’est dans ce cadre que fut élaborée en 1996, le plan national d’action environnemental (PNAE), comme réplique nationale de l’Agenda 21. Les objectifs poursuivis par ce plan sont :
a) Elaborer un cadre politique et législatif global de développement durable et de gestion de l’environnement ;
b) Déterminer des actions environnementales, à court, moyen et long terme qui tiennent compte des priorités socio-économiques du pays ;
c) Renforcer la capacité de gestion stratégique de l’environnement et d’intégration des paramètres de développement durable à l’ensemble des secteurs du pays.
5.3. Objectifs de restauration
Les objectifs poursuivis jusqu’ici ne suffisent cependant pas dans le contexte actuel, tant à l’échelle de la planète qu’à celle de la RDC. En effet, beaucoup de dommages ont été faits aux écosystèmes naturels, comme aux ressources de base (sol, eau et air) et aux ressources vivantes (végétation et faune). Est-il nécessaire de rappeler la dégradation des forêts en RDC et qui est à l’origine de la révision du code forestier. Les eaux du fleuve Congo, des lacs et de plusieurs rivières du pays sont constamment polluées par les excrétas. Les sols et les terres forestières sont en constante dégradation physique tant en milieu rural qu’en milieu urbain. La faune sauvage est l’objet d’un commerce informel très important en milieu rural comme en ville avec toutes les conséquences prévisibles. Les sites touristiques sont menacés de disparition à cause de la pollution des milieux visés. Examinons par point la problématique de l’objectif de restauration des ressources.
5.3.1. Problèmes des eaux
Cet objectif peut être illustré en prenant l’exemple de l’eau du fleuve Congo, des lacs de l’Est et des rivières situées à proximité des grands centres urbains. Cette ressource est abondante en RDC, mais soufre, dans certaines parties où sont concentrées les populations et les industries, d’une très grave pollution. Dans ces milieux, une pollution fécale est signalée en plus de celle des activités industrielles. Elle est essentiellement due à l’état d’insalubrité généralisé à cause du manque d’hygiène et d’assainissement ou du manque de sanitaires appropriés. Au niveau du littoral et de l’embouchure du fleuve Congo, une pollution induite par les activités pétrolières est signalée.
Dans des situations pareilles, deux actions s’imposent. D’abord, mettre un terme à la pollution, autrement dit combattre la pollution à la source. Ensuite, prendre des mesures pour restaurer le milieu hydrique. C’est d’ailleurs dans cette voie que le ministère de l’environnement s’est engagé dans le PNAE de novembre 1997 et en lançant en mai-juin 2000, un forum sur la politique nationale de la pêche et des ressources en eau.
Après des décennies d’utilisation plus ou moins anarchique des ressources en eau, il convient donc de restaurer, réhabiliter, favoriser l’instauration de nouveaux équilibres. Le PNAE et le Forum précité, présentent les différentes recommandations et stratégies à mettre en place ainsi que les actions à initier en vue de combattre la pollution des eaux sous ses différentes formes et assurer une gestion rationnelle des ressources en eau.
5.3.2. Problème des sols
Il en va de même de cette autre ressource de base qu’est le sol. Celui-ci a été est objet d’ablation par les phénomènes érosifs, en même temps que sa fertilité s’est abaissée. Des mesures de restauration s’imposent sur ces deux plans : lutte contre l’érosion et amélioration de la fertilité.
5.3.3. Problème des terres forestières
La RDC est un territoire forestier : 1.280.000 km2 de forêts sur 2.345.000 km2, soit 54,58% du territoire. L’exploitation intensive de toutes les forêts des zones les plus accessibles, la manque de planification de l’utilisation de terres forestières et de préoccupation de la régénération de la ressource ont abouti à une impasse.
Selon le MINECNEF, le secteur de terres forestières fait face à de nombreux problèmes de gestion parmi les quels on peut citer :
1. L’absence d’un plan directeur d’utilisation du territoire forestier ;
2. La surexploitation des savanes boisées, des forêts claires de type Miombo et des forêts de montage à Oxytenanthera abyssinica ;
3. La destruction de la savane herbeuse ;
4. Le très faible taux d’exploitation des essences forestières ;
5. La vulnérabilité de la structure industrielle ;
6. L’impact de la migration des réfugiés ;
7. L’augmentation de la production agricole par l’accroissement des surfaces cultivées ;
8. La persistance du bois comme source d’énergie pour une plus grande portion de la population etc.
En tant que source d’énergie, la forêt est particulièrement très sollicité dans les environs des grands centres urbains jusqu’à rayon de 200km dans certains cas. Le paradoxe reste que plus de 75% des populations congolais vivent dans des zones pauvres en forêts. La consommation de bois comme dendro-énergie devrait évoluer au même rythme que la population, soit 2,6% l’an. Ce qui requiert une attention toute particulière en vue de réduire la pression sur les ressources forestières.
Les produits forestiers non ligneux ou menus produits forestier échappent le plus souvent aux statistiques et contribuent dans une large mesure au commerce illicite transfrontalier. Les graines de piper guineense par exemple, font l’objet d’un commerce transfrontalier intense sans que les statistiques de leur production soient consignées dans les rapports officiels. Il en est de même pour d’autres produits tel que les écorces de Rauwolfia dont toute la production n’est pas déclarée. La consommation locale des feuilles de Gnetum Africanum, « mfumbwa » dont la cueillette se fait dans aucune précaution permettant d’assurer la pérennité de l’espèce, a fait que cette espèce soit devenue rare dans les zones proches de Kinshasa, grand centre de consommation de ce légume. Le rotin est intensément utilisé pour la fabrication de meubles.
5.3.4. Problème de la faune
La destruction du couvert et d’innombrables activités humaines exerce une pression croissante sur la faune sauvage de la RDC. Parmi ces activités, il y a lieu de citer : l’agriculture itinérante sur brûlis, la perturbation des habitants fauniques, la chasse et la pêche non contrôlées, la pollution des milieux terrestres et aquatiques etc.…
5.3.5. Problème des ressources récréatives
Les loisirs sont une caractéristique de notre temps. La réaction la plus évidente devant le travail et le mode de vie moderne réside dans le fait que les personnes sont de plus en plus sensibles aux milieux naturels, et attirées par la nature. De fait, dans son cadre habituel d’existence, modelé par des habitudes de consommation frénétique, par le fonctionnement de l’appareil de production et l’automatisation, beaucoup ressentent des frustrations. Les loisirs dans la nature sont des occasions, pour les citadins en particulier, de se plonger dans un cadre caractérisé par des stimuli naturels, compensatoires et rééquilibrant. De plus, la nature est un cadre propice à la réflexion et à la méditation, où l’homme peut ressentir et subir les rythmes, naturels dont il a besoin périodiquement et dont l’exigence est liée aux caractéristiques même de sa nature. L’évasion dans les milieux naturels répond au besoin d’alternance dont il a été question plus haut, et qui est une condition pour que l’homme puisse conserver ou restaurer son équilibre.
Dans une vision quelque peu prospective de la société de demain, on peut affirmer que les loisirs auront une nouvelle fonction à assumer. Nouvelle, en ce sens que leur rôle préventif, voire thérapeutique, est devenu e deviendra plus important que jamais dans l’avenir pour harmoniser les relations entre les hommes et favoriser les interactions équilibrées entre les hommes et leur environnement.
En conséquence, les ressources naturelles renouvelables dont la combinaison, en un endroit précis, donne lieu à des ressources récréatives, doivent être inventoriées, aménagées et gérées pour le bénéfice de la population et en particulier des plus démunis. Or, il se fait que par suite de la population des eaux, des conditions économiques difficiles, surtout à proximité des agglomérations, des segments entiers de population de la RDC ne sont pas en mesure de fréquenter facilement des lieux récréatifs de qualité. Une politique appropriée permettant de répondre aux besoins différentiels de la population s’impose.
5.4. Objectifs d’aménagement du territoire
Les objectifs ne peuvent pas se limiter aux écosystèmes naturels et à la réhabilitation des ressources naturelles. A un niveau supérieur d’intégration se situe l’aménagement du territoire, domaine crucial car le territoire est le lieu des interactions dynamiques entre les hommes et leurs ressources. Il convient ainsi de poser trois objectifs supplémentaires, le premier portant directement sur l’aménagement du territoire, le second sur la protection des paysages complexes et le troisième sur le patrimoine culturel. Car il faut remarquer que si les écosystèmes et les ressources naturelles ont été gravement dégradés, la détérioration du cadre matériel de la vie quotidienne est également une caractéristique de notre époque.
5.4.1. Degrés d’aménagement du territoire
On peut distinguer trois degrés dans l’aménagement du territoire :
1. La planification physique, qui revient à prendre des mesures concernant l’affectation et l’utilisation du sol, doter le territoire d’ouvrages d’équipement et à prescrire divers types de normes ;
2. La planification régionale qui a pour objectif la croissance économique régionale en vue d’élever le niveau de vie et d’atténuer les disparités régionales ;
3. L’organisation de l’espace et de l’habitat ; c’est à ce niveau que se situe l’aménagement du territoire au sens le plus vrai ; on peut définir la finalité de l’aménagement du territoire comme suit : « l’aménagement du territoire, est au sens le plus fort, une politique devant aboutir à une nouvelle organisation de l’espace et de l’habitat de l’homme, à un environnement optimal capable de procurer aux hommes et à leurs communautés de meilleurs conditions de vie, tant matérielles que morales ».
L’aménagement du territoire implique donc la volonté de donner au territoire et, par là, à la société une certaine structure, choisie délibérément, voulue par la collectivité ; les raisons de ce choix n’est que partiellement économique. L’aménagement du territoire, et mutatis mutandis la gestion des ressources et des systèmes vivants, doit se fonder sur une conception globale qui dépasse les notions partielles comme l’urbanisme, la planification physique et le développement économique qui n’en sont que des facettes. A ce niveau, on comprendra que l’aménagement du territoire et la manière de gérer les ressources ne sont plus le seul fait des techniciens mais une responsabilité de la société. La participation des citoyens et des représentants, élus par la population, à tous les paliers gouvernementaux, s’avère ici très importante.
En RDC, les aspects relatifs à l’aménagement du territoire sont gérés par le ministère des travaux publics, aménagement du territoire, urbanisme et habitat (TPAT-UH). Un bureau spécialisée dans les questions d’aménagement et d’urbanisme existe (Bureau d’Etudes d’Aménagement et d’Urbanisme (BEAU) et est placé sous la tutelle du ministère des TPAT-UH. Toutes les interventions dans ce domaine sont encore réglementées par le décret du 20 juin 1957 sur l’urbanisme.
• Utilisation cohérente du territoire
Le territoire doit être considérée comme un système ; son aménagement comme sa mise en valeur doit tenir compte de l’ensemble des ressources existantes, disponibles et potentielles qu’il renferme, des besoins de la population qui y est installée et des systèmes avec lesquels il entretient des relations. L’approche systémique a sa place dans l’étude des systèmes interactifs complexes ; au contraire l’approche à la quelle on se réfère le plus souvent, a un caractère réductionniste marquée. Il y a là une difficulté du fait que l’administration gouvernementale est découpée en juridictions sectorielles. Sans une coordination valable, c’est l’approche analytique (sectorielle et réductionniste) qui l’emportera sur l’approche systémique (globale, intégrée) ; ce qui a toujours fait la faveur de la première, c’est sa relative facilitée en regard de la complexité de la seconde.
5.4.2. Conservation des paysages complexes
Un paysage est un système complexe, fondamentalement évolutif, qui traduit soit la seule harmonie de la nature, soit l’interférence, la résonance, dans un espace donné, et au cours d’une période de temps plus ou moins longue, entre l’action humaine marquée par des traditions, des valeurs culturelles, l’histoire et la trame naturelle. La complexité peut y être grande, alors même que l’harmonie, l’équilibre et la beauté qui peuvent en émaner créent une impression des simplicités.
5.4.3. Conservation du patrimoine culturel
Les patrimoines culturels englobent les biens meubles comme immeubles ainsi que les sites où ils se trouvent. Ils présentent un intérêt archéologique, historique, culturel, paléontologique, scientifique ou naturel.
Ces sites ont un caractère culturel en ce sens qu’ils représentent et témoignent les réalisations passées et présentes de l’homme ou encore par ce qu’ils illustrent les thèmes généraux de la vie, thèmes qui présentent un intérêt pour l’homme lui-même et ils présentent les particularités naturelles situées dans un environnement que l’homme s’emploie activement à transformer et qu’ils méritent donc de soins et de protection afin que les générations présentes et futures aient la possibilité d’apprécier et d’admirer le don artistique de la nature.
Une convention internationale concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel s’est tenue à Paris, le 23 novembre 1972 sous l’égide de l’UNESCO. Cette convention avait comme objectif établir un système efficace de protection collective du patrimoine culture et naturel d’une valeur exceptionnelle et ce, sur une base permanente et en adoptant des méthodes scientifiques modernes.
5.5. Objectifs de lutte contre la pollution des milieux de vie et la contamination de l’homme
5.5.1. Destruction de la couche d’ozone et signature du protocole de Montréal
Outre la gestion des ressources naturelles et des systèmes vivants, l’aménagement du territoire, la préservation des paysages, il est d’autres objectifs que l’on se doit de poursuivre. Ils touchent à la lutte contre les pollutions et à la préservation des hommes contre les contaminations. Cette catégorie de problèmes a pris une ampleur sans précédent depuis les dernières décennies, c’est-à-dire depuis l’industrialisation des pays du Nord, essentiellement. Les impacts sont dans plusieurs cas particulièrement graves. Tel est les cas des modifications que le développement industriel a déterminées dans l’atmosphère. Nous rappelons ici l’effet serre et la destruction de la couche d’ozone.
A propos de ces altérations profondes et à long terme, il est intéressant de souligner que la conférence diplomatique qui s’est réunie à Montréal, en septembre 1987, adoptée ce qui sera dorénavant connu sous le nom de « Protocole relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone ». Ces substances sont notamment les chloro-fluoro-carbonnes (CFC) et les halons. La signification historique de cet événement mérité d’être soulignée car s’est la première fois dans l’histoire que les états se concertent pour prendre des mesures de protection de l’environnement en vue de juguler un problème avant qu’il n’atteigne les propositions d’une catastrophe. Ce qui s’est passé à Montréal, est la manifestation d’une conscience internationale. Pour la première fois dans l’histoire, les hommes se concertent pour limiter leurs actions nuisibles en vue de protéger la capacité sustentatrice de la biosphère pour la vie humaine.
• Révolution de la conscience. Révolution éthique
La signature du protocole est tout à fait remarquable du fait que les hommes ne sont pas retranchés derrière l’alibi de la recherche comme cela arrive souvent. En effet, le protocole a été ratifié sur la base d’informations scientifiques incomplètes ; les experts ne peuvent en effet affirmer de manière péremptoire en toute certitude, quelles pourraient être les conséquences pour la couche d’ozone de l’intervention des CFC et des halons et de leurs produits de décomposition.
• Effet de serre
Plus difficile encore à appréhender est l’effet de serre, résultant de la libération accrue de gaz carbonique dans l’atmosphère au cours des dernières années et qui suscite à l’heure actuelle de plus en plus d’inquiétude dans le monde entier. Les activités industrielles, qui n’on cessé de s’intensifier depuis la 2ème révolution du XVIIIè siècle, sont en train de modifier l’équilibre thermique de l’atmosphère et d’influencer plusieurs paramètres météorologiques. Les nations se doivent, dans ces domaines extrêmement délicats et complexes, d’adhérer et de prendre une part active et dynamique dans les actions internationales relatives à la protection de la biosphère. Cela signifie entre autre : participer à la recherche, aux groupes de travail qui étudient les grands problèmes qui affectent les mécanismes de recyclage des éléments biogènes ; appliquer les prescriptions des conventions et protocoles ; diffuser les informations pertinentes ; former et éduquer.
5.5.2. Polluants et contaminants
L’or sait bien combien, de plus en plus l’homme est exposé aux substances toxiques et est susceptible de se trouver contaminé. A cet égard, il serait remarquable et salutaire que les pays s’écartent de l’option nucléaire. Car les accidents nucléaires ont des effets à longue distance, comme cela a été illustré, dramatiquement, en 1986, par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Que dire donc du centre de recherche en énergie nucléaire de Kinshasa (CRENK) ? La RDC dispose d’un important potentiel hydroélectrique à peine exploité.
Beaucoup reste à faire en RDC dans le domaine de la gestion des déchets de toute nature : organiques (fumiers, lisiers, etc.), solides (déchets domestiques), industriels (toxiques de toute nature : BPC, métaux lourds, pesticides, etc.). les sachets en plastique qui jonchent les rues, les grandes artères et les places publiques constituent une question de très grande préoccupation pour les autorités de la ville de Kinshasa. Il y a encore la grave question des pluies acides qui se pose dans certains pays du Nord dont la solution implique recherche, coordination internationale et volonté politique.
Un des objectifs auquel doivent s’attacher les pays est celui de prendre toutes les dispositions requises pour réduire et éviter la contamination de la population par les substances toxiques. Un autre est celui de créer les conditions propices à l’amélioration de la qualité de la vie.
En définitive, la gestion des ressources doit être réalisée dans le but de contribuer à la qualité de l’environnement et à la qualité de la vie. Cette dernière notion, combien importante cependant, est difficile à cerner. Des enquêtes effectuées à travers certains pays du monde ont montré que trois éléments fondamentaux y ont une place prépondérante : la santé, au sens large d’équilibre physique, social et mental (être bien dans sa peau), la liberté et l’intégration harmonieuse dans la société (travail, relation). Le professeur A. Baez donne une excellente définition de la qualité de la vie : « J’entends par qualité de la vie, l’environnement, la santé, l’alimentation, l’abri, les ressources, l’emploi qui a du sens, le repos et la récréation, les occasions de s’éduquer et les accomplissements culturels. J’ai également à l’esprit la réduction de la crainte et de l’anxiété ainsi que l’apprentissage à tenir compte des risques et à prendre des décisions ».
D’une manière générale, les principaux problèmes de gestion de ressources résultent principalement de :
• L’inefficacité de contrôle et du suivi dans l’application de la réglementation régissant l’exploitation des ressources (effectifs insuffisants, peu formés, sous équipés) ;
• La démotivation du personnel due à la modicité des salaires, primes et autres avantages sociaux ;
• La non implication des populations locales et riveraines des aires protégées dans les programmes de gestion et d’aménagement ;
• L’absence ou l’influence des programmes d’éducation mésologique et de sensibilisation de la population ;
• Un cadre institutionnel de gestion mal adaptée et aux contours parfois mal définis ;
• Le manque des statistiques fiables tant sur les produits principaux que secondaires à exploiter.
CONCLUSION
Jacquard affirme : « Seuls ou pas dans l’univers ? Peu importe. Nous sommes en charge de notre destin ».
L’homme à monté qu’il était destructeur de la nature, un prédateur à nul autre pareil, mais aussi un être conscient, capable de s’arrêter au bord du gouffre. Les problèmes évoques montrent qu’une extrême vigilance s’impose. Et le choix se présentera de plus en plus entre l’attitude techniciste et l’attitude éthique. Nous avons, au cours des âges, fait état de nos capacités destructrices et en avons donné d’innombrables preuves. Cependant, notre conscience nous fait percevoir, et la science le confirme, que la vie est un phénomène riche et extraordinaire. Il nous revient donc du fat des responsabilités que nous avons dans la conduite de notre destin de décider ce que nous voulons en faire. Pour autant que nous estimons que le jeu en vaut la peine, c’est-à-dire si nous attachons une valeur à la vie, aux joies de la vie, aux formes merveilleuses qu’elle offre dans tous les domaines, l’objectif à poursuivre est clair : gestion durable des ressources naturelles et des systèmes vivants, aménagement du territoire, lutte contre le gaspillage, recyclage des déchets, sauvegarde des cultures, développent des capacités potentielles des hommes etc. Mais lorsqu’on voit la manière dont on s’entredéchire entre les humains sur cette planète, quand on observe la destruction irréversible des grands mécanismes d’équilibre, les génocides, l’accumulation de puissance destructrice, on peut s’interroger sur les causes de la crise planétaire qui caractérise la fin du XXè siècle et le début du XXIè siècle. Singulière situation que celle de l’homme, créature qui s’est débarrassée des ses complexes instinctifs, à qui revient la liberté et la responsabilité de conduire son évolution, et qui ne sait comment s’y prendre.
Pour terminer, nous pensons que les problèmes d’environnement et la crise de l’environnement humain peuvent être résolus en trois niveaux :
1. Au niveau affectif : sensibilisation, perception émotionnelle des problèmes environnementaux, prise de conscience de l’environnement global et de ses problèmes. Bref, il faut un éveil de responsabilité ;
2. Au niveau cognitif : après l’étape de la prise de conscience de problèmes environnementaux, il faut une acquisition de connaissances (de compétences) nécessaires pour percevoir, analyser et résoudre les problèmes environnementaux. Il faut donc des aptitudes (capacités d’observation, de mesure, d’analyse). Cela va conduire à un changement d’attitude. A ce niveau, l’homme a la capacité d’évaluer les situations et les problèmes environnementaux et enfin, a la compétence nécessaire à les résoudre.
3. Au niveau de la réflexion et de l’action : la compétence ne suffit pas, il faut développer le désir de s’impliquer, le sens de l’engagement et la propension d’agir dans un contexte participatif en vue de prévenir l’apparition de nouveaux problèmes mésologiques et d’apporter des solutions aux problèmes existants.
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