Gestion des déchets ménagers de la cité d'Ilebo, Par TRESOR MADIENGA et al.
« GESTION DES DECHETS MENAGERS DANS LA CITE D’ILEBO (Kasaï occidental, RDC) »
Par
Trésor MADIENGA KITSHABI, Wenceslas KOMBE MAKUTU et Holy HOLENU MANGENDA, respectivement Chef de Travaux à l’ISP/Ilebo, Assistant à l’ISP/Ilebo et Chef de Travaux à l’UNIKIN.
Résumé
La gestion des déchets est un problème environnemental, social et économique pressant pour les villes du monde en général, et pour la cité d’Ilebo en particulier. Compte tenu de l’inexistence de service organisé pour le ramassage des ordures, la décharge ordinaire (trou à ordures) dans la parcelle demeure le mode le plus utilisé dans la Cité d’Ilebo ; soit 81% de ménages y recours. Aucun trou à ordure n’est de bonne qualité. L’incinération et rejet sur la voie publique sont les moins utilisés, avec 19% de ménages soit pour respectivement 2% et 17%. Nous constatons, en ce qui concerne, les eaux-vannes et les eaux usées domestiques que 12% de ménages utilisent des latrines de qualité ; 72% utilisent des latrines de mauvaise qualité et 16% ne disposent pas des latrines.
Les fosses arabes sont le type de latrines le plus largement utilisé dans la cité d’Ilebo, soit 82% de ménages en recourent. En outre, le taux d’évacuation hygiénique des eaux usées domestiques est de 6,0% en moyenne. L’analyse de données épidémiologiques des maladies liées à la mauvaise qualité de l’environnement a révélé des taux de prévalence croissants. Ceux-ci sont à attribuer au degré croissant de contamination du milieu physique de vie de l’homme liés aux mauvaises conditions d’évacuation des déchets ménagers.
1. INTRODUCTION
L’urbanisation et l’industrialisation rapide à travers le monde ont fait apparaitre des conséquences néfastes sur l’environnement. Elles ont engendré une détérioration de la qualité de la vie dans l’espace urbain. Des causes à effets qui existent entre la pollution, la santé et l’environnement apparaissent de plus en plus clairement (LELO N., 2008).
Ces problèmes de l’environnement des villes congolaises sont par ailleurs aggravés par le manque d’assainissement du milieu en ce qui concerne, par exemple, l’évacuation adéquate des déchets solides et liquides produits par les ménages (Ministère du Plan 1994 et Ministère des TPAT-UH, 2000) comme nombre de villes du tiers monde et la cité d’Ilebo n’échappe pas à ce constat.
En effet, les activités anthropiques liées au développement économique et à l’urbanisation génèrent toutes sortes de déchets dont les déchets solides et liquides. Ces déchets sont sources de pollution et d’importantes nuisances sur l’environnement. Dans la cité d’Ilebo, les déchets produits par les ménages comprennent les ordures ménagères, les eaux usées domestiques et les résidus de toutes sortes (KALAMBAY L., 1996).
Les déchets ménagers peuvent aussi être, les tessons de bouteilles, les restes de cuisine, les cendres, les feuilles mortes, les chiffons, les plastiques, les cartons et autres emballages, etc… que les ménages produisent quotidiennement (LELO N., 2008).
Ainsi à la base de cette étude, il a été posé les questions de savoir : les modes d’évacuation des déchets ménagers dans la cité d’Ilebo ; si ces modes sont-ils hygiéniques et pourquoi et enfin, l’incidence de ces différents modes d’évacuation sur la santé de la population de la cité d’Ilebo.
L’hypothèse qui en résulte est que lorsque les déchets ménagers sont gérés correctement en ce qui concerne leur évacuation hygiénique, ceci contribuerait à l’amélioration des conditions de vie de la population et de la qualité de l’environnement.
Pour atteindre cet objectif, des enquêtes ont été menées sur terrain. Elles ont concerné les installations sanitaires et décharges (trou à ordure) pour réunir les données chiffrées en vue d’apprécier les différents taux d’évacuation hygiénique des déchets ménagers de la cité d’Ilebo, et de les comparer aux normes édictées par l’OMS (1987), et en référence aux modèles utilisés dans le cadre de l’élaboration du DSCRP-RDCongo (2006). Différents documents ont été rassemblés et une prise des connaissances de différents chercheurs travaillant activement dans un secteur ou l’autre en rapport avec la gestion des déchets dans la cité d’Ilebo. Enfin, les administrations ont été contactées pour recueillir les différentes données à leur disposition.
2. CADRE PHYSIQUE ET ADMINISTRATIF
La cité d’Ilebo se trouve dans le district du Kasaï, dans la, province du Kasaï occidental (RDC) à environ 400 Km au Nord-Ouest de la ville Kananga. Elle est comprise entre 20°33’ et 20°37’ de la longitude Est et 4° 18’ et 4°22’ de latitude Sud (figure 1).
Fig. 1 : Localisation de la cité d’Ilebo |
C’est sur le plateau du Kasaï que se situe la cité d’Ilebo. Ce plateau est entaillé et découpé par d’innombrables vallées, son altitude moyenne est comprise entre 500 et 600 mètres.
La cité d’Ilebo est drainée par la rivière Kasaï, le plus grand tributaire de gauche du fleuve Congo, et ses affluents notamment :
Selon la classification climatique de Köppen, notre milieu d’étude est caractérisé par un climat du type AW3, c’est-à-dire un climat du type soudanais avec une saison de pluie s’étendant de mi-août à mi-mai (9 mois) dont les précipitations accusent leur maxima en Novembre et Avril, et une saison sèche s’étendant de mi-mai à mi-août (3 mois) et une inflexion de pluviosité entre décembre et février. La température moyenne annuelle est de 24,5°c et lame d’eau annuelle s’évalue entre
Quand à la végétation,
A ce jour, la cité d’Ilebo compte 13 quartiers qui sont : Commercial, Lumumba, Kinkole, Kasa-vubu, Wenze, Chemin de fer, Kimbanguiste, Pero-Minenge, Anciens combattants, Congo, Kanga-Motema, TSF et Bikuku.
3. EVOLUTION DE LA POPULATION DE LA CITE D'ILEBO DE 1965 A 2013
Il faut noter qu’en 1965, la population de la cité d’Ilebo se levait déjà à 8.493 habitants. Après sept ans, soit en 1972, cette population a atteint un effectif de 52.572 habitants. Dix ans plus tard, la population ne sait qu’augmenter pour atteindre 82.830 habitants. En 1990, soit 8 ans après, la cité s’est amplifiée de plus pour atteindre 106.685 habitants. En 1992, elle comptait 136.796 habitants. Entre 1992 et 1994, il eut une légère augmentation de 2.000 habitants par rapport aux années précédentes où la population est montée en flèche. En 2001, soit 7 ans après, la population s’élevait à 150.108 habitants soit une augmentation de 1,6%. Entre 2002 et 2003, il y a eu une augmentation de 1,9%. Mais c’est entre 2003 et 2004 que l’augmentation de la population a été considérable avec 2,8%. Le taux d’accroissement entre 2004 et 2005 était de 0,8%. Ce taux est resté stationnaire de 2005 à 2006. De 2007, la population a augmenté jusqu’à atteindre 170.725 habitants, 208.481 habitants en 2009 et 278.855 habitant en 2012.
La cité d’Ilebo dans sa vaste étendue héberge en son sein une mosaïque de population dont le nombre est estimé actuellement à 285.515 habitants (Rapport du bureau de la cité d’Ilebo, 2013).
En effet, on remarque un nombre croissant de la population dans certains quartiers considérés comme des « pôles attractifs », par rapports aux autres. Cette situation s’explique par un accroissement marquant le changement que subit la cité dans son volume hypertrophique dû au mouvement naturel et migratoire.
4. PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
4.1. PRESENTATION DES RESULTATS
Les investigations menées dans le cadre de cette étude ont nécessité un questionnaire d’administration indirecte comme instrument d’enquêtes sur le terrain. Ce questionnaire comporte deux parties à savoir : l’identification des sujets enquêtés et le questionnaire proprement dit. Cette première partie concerne les données relatives à l’identification du sujet enquêté. Le questionnaire proprement dit, composé de deux thèmes dont premier porte sur le mode d’évacuation des déchets ménagers et le second sur l’existence et la qualité des installations sanitaires et des décharges utilisées.
L’étude concerne les ménages de la cité d’Ilebo mais compte tenu de l’indisponibilité des données sur les effectifs globaux des ménages des différents quartiers, nous avons procédé par l’échantillonnage occasionnel ou hasard.
Ainsi, au regard des possibilités matérielles et temporelles, quelques 1003 ménages ont été échantillonnés pour tous les 13 quartiers de la cité d’Ilebo. Ces ménages se répartissent de la manière suivante (Graphique 1) :
Source : Enquêtes sur le terrain, 2013.
Pour parvenir à l’établissement des fréquences des conditions d’évacuations des déchets ménagers et par conséquent apprécier leur pertinence par rapport à l’objectif assigné dans cette étude, on a exprimé les données en pourcentage.
4.2. ANALYSE DES RESULTATS
L’analyse a consisté à établir les éléments constitutifs des conditions d’évacuation des déchets produits par les ménages de différents quartiers de la cité d’Ilebo, en vue de faire ressortir la pertinence de leurs modes d’évacuation et de la qualité des latrines et trous à ordures, et par ce biais la détermination des conditions de vie de la population et de la qualité de l’environnement.
4.2.1. Mode d’évacuation des ordures ménagères et des eaux usées domestiques
Il s’agit, ici, des moyens ou voies utilisées par les différents ménages pour éliminer finalement leurs déchets (ordures et eaux usées domestiques).
Ainsi, à la question de savoir « quel est le procédé utilisez-vous pour vous débarrasser de vos déchets ?» Les réponses obtenues ont été illustrées suivant qu’il s’agisse des ordures ménagères ou des eaux usées domestiques dans les graphiques 2,3 et 4 ci-après :
Source : Enquêtes sur terrain, 2013.
Ce graphique montre que 81% de ménages évacuent leurs ordures ménagères dans des trous à ordures établis dans la parcelle ; 17% les rejettent sur la voie publique ; 2% les incinèrent et aucun ménage les enfouis dans ou hors la parcelle.
Source : Enquêtes sur terrain, 2013.
De ce graphique, nous constatons que 82% de ménages procèdent par l’abandon de la fosse pour en creuser une autre ; 16% les rejettent à l’aire libre ou dans les rigoles et 2% procèdent par la vidange par l’enfouissement à proximité des fosses.
Source : Enquêtes sur terrain, 2013.
Le graphique 4 indique que 6% de ménages procèdent par le rejet direct sur la voirie ; 13 % le font dans la cour ; 26% les rejettent dans un trou à ordure et/ou dans la cour et 55% les rejettent dans un trou à ordure.
5.2.2. Qualité des latrines et trous à ordures
Il faut noter que la qualité des infrastructures sanitaires dans une unité de logement dépend de plusieurs facteurs notamment : leur disponibilité, leur mode d’utilisation, et leur intégration dans le réseau, si celui-ci existe (KALAMBAY L., 1996).
Dans le cadre de cette étude, on a fait recours aux normes de qualité édictées par l’organisation Mondiale de la santé (OMS, 1987).
Ainsi, les résultats obtenus sur la qualité des latrines et trous à ordures ont été illustrés dans les graphiques 5 et 6 ci-après :
- Qualité des latrines : Graphique 5,
- Qualité des trous à ordures : Graphique 6.
Source : Enquêtes sur terrain, 2013
La lecture de ce graphique montre que 12% de ménages utilisent des latrines de bonne qualité, 72% utilisent des latrines de mauvaise qualité et 16% ne disposent pas des latrines.
Source : Enquêtes sur terrain, 2013.
L’analyse de ce graphique montre qu’aucun ménage n’utilise des trous à ordures de bonne qualité, 81% utilisent des trous à ordures de mauvaise qualité et 19% de ménages ne disposent pas des trous à ordures.
5.3. INTERPRETATION DES RESULTATS
5.3.1. Sur le mode d’évacuation des ordures ménagères
1°. Il existe aucun service organisé pour le ramassage des ordures ménagères dans la cité d’Ilebo. Le mode le plus usité demeure les décharges ordinaires (les trous à ordures) dans les parcelles ; 81% de ménages pratiquent ce mode (Graphique 2).
2°. Ces trous à ordures reçoivent des eaux ménagères comme l’illustre le graphique 4 et aucun trou n’est cependant hygiénique (de bonne qualité) (Graphique 6). Ils sont pour la plupart à proximité des habitations compte tenu de l’exiguïté de la surface et du taux d’occupation parcellaire. Et ils sont par ailleurs non clôturés.
3°. L’enfouissement n’est pas utilisé par les ménages de la cité d’Ilebo ; tandis que l’incinération et le rejet sur la voie publique sont les moins utilisés avec respectivement 17% et 2% (Graphique 2). L’incinération et le rejet sur la voie publique sont généralement utilisés par les ménages ne disposant pas de trous à ordures, soit 19% comme l’illustre le graphique 6.
Notons que contrairement aux observations des travaux réalisés par le ministère de Plan (1994), celui des Travaux Publics, Aménagements du Territoire, Urbanisme et Habitat (2000), par KALAMBAY L., (1996) et par LELO N.F. et TSHIMANGA M.C., (2004), selon lesquelles, les quartiers résidentiels de « haut standing » atteignaient un taux d’évacuation hygiénique élevé par rapport aux quartiers périphériques à revenus faibles, nos analyses montrent qu’il existe une certaine uniformité dans la répartition de taux d’évacuation hygiénique des ordures ménagères dans les 2 catégories de quartiers, les graphiques 2 et 6 le révèlent. Ceci nous permet de croire qu’il n’existe pas des corrélations directes entre le niveau socioéconomique des ménages de la cité d’Ilebo et leurs modes d’évacuation des ordures ménagères.
5.3.2. Sur le mode d’évacuation des eaux-vannes
Nos investigations révèlent que 82% de ménages de la cité d’Ilebo abandonne leur fosse dès qu’elle est remplie pour en creuser une autre dans la parcelle. Par contre, 2% de ménages procèdent par la vidange par enfouissement à proximité des fosses (Graphique 3). Ce qui indique l’existence d’une faible proportion des ménages possédant des latrines à fosse septique. Celle-ci s’observe dans les quartiers à revenus élevés ou moyens. En outre, 16% de ménages procèdent par le rejet des excréments à l’aire libre. La proportion de ménages qui recourent à ce mode d’évacuation reste élevée dans les quartiers périphériques à revenus bas. Ce qui indique que le taux de ménages ne disposant pas des latrines est élevé dans ces quartiers, comme nous le montre les graphiques 3 et 5.
Il faut noter que dans ce cas, le taux d’évacuation hygiénique des eaux-vannes obtenu par recoupement des graphiques 3 et 5 est de 12%. Ce taux atteint une proportion faible voire s’annule dans les quartiers périphériques à revenus bas de la cité d’Ilebo (Graphique 5).
5.3.3. Sur le mode d’évacuation des eaux ménagères
Nos enquêtes montrent que la pratique la plus usitée demeure le rejet dans un trou à ordure dans la parcelle, soit 55% de ménages y recourent. Ceci indique que les trous à ordures sont carrément assimilables aux puits perdus. Certains ménages (19%) ne disposant pas des trous à ordures (Graphiques 2 et 6) sont obligés soit de rejeter les eaux ménagères dans la cour (13%) ou soit directement sur la voirie (6%). Ces taux sont élevés dans les quartiers à forte concentration (Graphique 4).
Ensuite sur 81% de ménages qui disposent de trous à ordures dans la parcelle, 55% les utilisent comme puits perdu et 26% procèdent par le rejet dans ce trou et/ou directement dans la cour. La proportion élevée est atteinte une fois de plus dans les quartiers à forte concentration. Une certaine uniformité est cependant à signaler en ce qui concerne la dernière pratiqué comme l’illustre le graphique 4. Il est encore à noter qu’aucun ménage n’évacue adéquatement les eaux ménagères dans la cité d’Ilebo. En effet, le recoupement des graphiques 3, 4, 5 et 6 permet d’établir que le taux d’évacuation hygiénique des eaux usées domestiques est de 6,0% en moyenne. Ceci reste inférieur à 9,1%, qui a été enregistré dans le cadre de l’enquête MICS-2 de 2001 (DSRCP-RDCongo, 2006).
Comme dans tous les milieux urbains de RDC, les eaux pluviales ne font pas, dans la plupart de cas, l’objet d’un mode organisé d’évacuation. Elles sont principalement déversées dans la nature sans aucune précaution. L’évacuation à travers les caniveaux d’eaux pluviales existe dans les quartiers planifiés et de « haut-standing » (KALAMBAY L., 1996 et LELO N.F., 2008).
Ceci est également de mise dans la cité d’Ilebo. A propos des quartiers de « haut-standing », bien que les nouvelles cités conquises récemment par l’urbanisation soient partiellement équipées en collecteurs d’évacuation des eaux pluviales, ceux–ci ne fonctionnent généralement mal, parce que mal ou pas entretenus et obstrués.
5.3.4. Qualité de vie et mode d’évacuation des déchets
KALAMBAY L. (1996) et LELO N.F. (2008) souligne que le mode d’évacuation des ordures ménagères et des eaux domestiques ou pluviales constitue un élément important qui détermine la qualité de vie non seulement dans la parcelle mais aussi dans le quartier. Ainsi, pour illustrer ces problèmes de la qualité de vie de la population et contamination de milieu physique de vie de l’homme en relation avec le mode d’évacuation des déchets ménagers, nous nous sommes servi de quelques données épidémiologiques de la cité d’Ilebo pour les années 2005 à 2013 (Tableau 1) afin de déterminer le taux de prévalence des maladies liées à la mauvaise qualité de l’environnement physique et à la contamination du milieu de vie (Graphique 7).
Tableau 1. Données épidémiologiques relatives aux maladies liées à la mauvaise qualité de l’environnement physique dans la cité d’Ilebo.
Pathologie |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
Paludisme |
1047 |
8803 |
10561 |
9043 |
9941 |
8771 |
17290 |
21318 |
28289 |
PFA |
3 |
7 |
6 |
4 |
3 |
3 |
5 |
6 |
5 |
Diarrhée sanglante |
6 |
7 |
3 |
4 |
10 |
13 |
11 |
17 |
13 |
Diarrhée simple |
659 |
973 |
1283 |
1010 |
899 |
533 |
13122 |
11387 |
8798 |
Amibiase |
213 |
309 |
402 |
117 |
202 |
218 |
573 |
799 |
1321 |
Fièvre typhoïde |
0 |
127 |
1097 |
912 |
742 |
817 |
628 |
665 |
14090 |
Ankylostomiase |
753 |
418 |
572 |
317 |
224 |
388 |
421 |
537 |
584 |
Ascaridiose |
1077 |
749 |
913 |
906 |
631 |
703 |
832 |
876 |
955 |
Onchocercose et filariose |
183 |
32 |
71 |
53 |
44 |
48 |
50 |
65 |
74 |
Entérite |
1691 |
1783 |
1379 |
1465 |
1546 |
1768 |
1845 |
2013 |
2145 |
Schistosomiase |
101 |
86 |
170 |
122 |
145 |
98 |
132 |
112 |
127 |
Total |
5733 |
13294 |
16457 |
13953 |
14387 |
13360 |
34909 |
37795 |
56401 |
Source : BCZS/ILEBO : Rapport sur la situation sanitaire d’Ilebo, 2005-2013.
Source : Enquêtes sur terrain, 2013.
Population centre période/BCZS-ILEBO : 180.000 hab. (2005-2006), 200.000 hab. (2006-2007), 205.000 hab. (2007-2008), 210.000 hab. (2008-2009), 250.000 hab. (2009-2010), 260.000 hab. (2010-2011), 280.000 hab. (2011-2012) et 300.000 hab. (2012-2013).
Ce graphique indique que la prévalence des maladies relatives à la mauvaise qualité de l’environnement physique de la cité d’Ilebo s’évalue de la manière suivante : 11% (2005-2006), 14,8% (2006-2007), 15% (2007-2008), 13,5% (2008-2009), 11% (2009-2010), 18,6% (2010-2011), 26% (2011-2012) et 31,4% (2012-2013). Ceux-ci sont loin d’être négligeables. Cette situation est semblable à celle observée dans le cadre de l’élaboration du DSCRP-RDCongo (2006) en ce qui concerne le problème d’assainissement au niveau des populations congolaises.
Ces taux de prévalence traduisent le degré croissant de contamination de l’environnement physique de vie nettement lié au faible taux d’évacuation hygiénique des déchets ménagers de la cité d’Ilebo et au manque d’assainissement au niveau des ménages d’une façon générale.
6. CONCLUSION
Qu’il s’agisse des ordures ménagères ou des eaux usées domestiques (eaux-vannes et eaux ménagères), leurs modes d’évacuations sont largement diversifiés.
- a. En ce qui concerne les ordures ménagères : Compte tenu de l’inexistence d’un service organisé pour le ramassage des ordures, la décharge ordinaire (trou à ordures) dans la parcelle demeure le mode le plus usité de la cité d’Ilebo ; soit 81% de ménages y recours. Aucun trou à ordure n’est de bonne qualité. L’incinération et rejet sur la voie publique sont les moins utilisés, avec19% de ménages soit pour respectivement 2% et 17%.
- b. En ce qui concerne les eaux-vannes : 82% de ménages abandonnent leur fosse dès qu’elle est remplie pour en creuser une autre dans la parcelle. Ceci indique que la fosse arabe est le type de latrine le plus largement répandu dans la cité d’Ilebo. La vidange par enfouissement à proximité des fosses et le rejet des excréments à l’aire libre restent les modes les moins usités avec respectivement 2% et 26% de ménage. Ce dernier pourcentage représente également le taux de ménages qui ne dispose pas de latrines.
- c. En ce qui concerne les eaux ménagères : 55% de ménages rejettent leurs eaux ménagères dans un trou à ordure dans la parcelle. 26% les rejettent dans un trou à ordure et dans la cour carrément. Ceci indique que les trous à ordures sont assimilés aux puits perdus. Le rejet dans la cour et directement sur la voirie représentent respectivement 13% et 6% de ménages. Ces taux sont élevés dans les quartiers à forte concentration.
Du reste, ces différents modes d’évacuation ne sont pas adéquats : aucun ménage n’évacue hygiéniquement les ordures ménagères ; quelques 12% seulement de ménages disposent de latrines hygiéniques et évacuent hygiéniquement les eaux-vannes ; et aucun ménage n’évacue adéquatement les eaux ménagères. En outre, le taux d’évacuation hygiénique des eaux usées domestiques est de 6% en moyenne.
L’analyse des données épidémiologiques relatives aux maladies liées à la mauvaise qualité de l’environnement, de 2005 à 2013, a révélé des taux de prévalence croissants : 11% (2005-2006), 14,8% (2006-2007), 15% (2007-2008), 13,5% (2008-2009), 11% (2009-2010), 18,6% (2010-2011), 26% (2011-2012) et 31,4% (2012-2013). Ces taux évolutifs sont à attribuer au degré croissant de contamination du milieu physique de vie de l’homme liés aux mauvaises conditions d’évacuation des déchets ménagers. Il est donc nécessaire et important que les autorités de la cité mettent les bouchées doubles pour mettre en place un service adéquat d’assainissement, qui aura pour mission l’évacuation des déchets vers une décharge finale contrôlée.
7. BIBLIOGRAPHIE
- BCZS/ILEBO, 2006. Rapport-coordination Eau, Hygiène et Assainissement : Projet d’aménagement des sources d’eau potable d’Ilebo.
- BCZS/ILEBO, 2009. Rapport-sur la situation sanitaire d’Ilebo de 2005-2008.
- HOLENU M.H., 2012. La gestion des décharges urbaines à Kinshasa et l’aménagement de l’espace urbain, Mémoire de DEA, Faculté des Sciences, Université de Kinshasa, Inédit, 149p.
- KALAMBAY, L. 1996. Les déchets urbains, In Journées Scientifiques du Réseau Droit de l’environnement, UREF-Dakar
- KALAMBAY, L., 1996. Eau et assainissement dans la ville au Zaïre ; In Journées Scientifiques du Réseau Droit de l’environnement, UREF-Dakar.
- LELO N.F. et TSHIMANGA M.C., 2004. Pauvreté urbaine à Kinshasa, Ed. Cordaid, La Haye, 2004.
- LELO N.F., 2008. Kinshasa, ville et environnement, Ed. Harmattan, Paris, 209p.
- Ministère du Plan, 1994. Problème de gestion des déchets urbains, Zaïre.
- Min.TPAT-UH, 2000. Enquêtes nationale sur l’habitat et le profil socioéconomique des ménages en milieu urbain, Kinshasa.
- OMS, 1987. L’agent de santé communautaire ; Guide pratique. Directives pour la formation. Directives pour l’adaptation, OMS, Genève, 507p.
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