ATTITUDE DES FEMMES SUR LE PLANNING FAMILIAL DANS LA CITE D’ILEBO. par Olivier MANGAPI KINZE et Rosine WAKWINGA KYANGALUKA
« ATTITUDE DES FEMMES SUR LE PLANNING FAMILIAL DANS LA CITE D’ILEBO ».
Olivier MANGAPI KINZE et Rosine WAKWINGA KYANGALUKA
Résumé
En élaborant cette étude sur « l’attitude de femme sur le planning familial dans la cité d’Ilebo », notre intention est de cerner l’attitude de la femme du milieu urbano-rural (la cité d’Ilebo) sur les notions du planning familial. Sur ce nous avons émis les hypothèses selon lesquelles : les femmes de la cité d’Ilebo auraient une attitude favorable vis-à-vis du planning familial, c'est-à-dire elles accepteraient d’espacer les naissances, d’ouvrir ce service dans la cité d’Ilebo en cas de manque. Et elles appliqueraient plus les méthodes contraceptives traditionnelles que nous qualifions inefficaces.
I. POSITION DU PROBLEME
Parmi les nombreux changements intervenus dans le monde et plus particulièrement à la 2e moitié du 2e siècle, ceux qui touchent probablement les femmes parmi tant d’autres concernent les moyens de choisir, de procréer et le nombre d’enfants. Cette révolution de la reproduction rendue possible par une plus grande disponibilité des moyens de contraception moderne au cours de trente dernières années a permis aux femmes de risquer à poursuivre de nouveaux rôles et activités en dehors du foyer qui contribueront à long terme au développement économique et social du pays. C’est pourquoi MALTHUS, R cité par BUSHABU (1963, p, 274) pense que l’homme n’a pas seulement pour devoir de perpétuer l’espèce, il doit aussi propager la vertu et le bonheur.
Il est aussi à signaler qu’il ne faut pas que le processus de la perpétuation sans contrôle de l’homme soit la source de ses propres malheurs et celle de misère de sa progéniture. Mais il faut que l’homme se réjouisse de sa progéniture et que celle-ci trouve le bonheur dans le monde qu’on lui a fait connaître.
Dans notre pays la RDC, le constat que nous faisons est que les familles nombreuses étant généralement celles dont les revenus sont les plus faibles. Et cela engendre les proliférations des enfants de la rue et dans la rue et d’autres phénomènes que la famille, la société et l’Etat restent jusqu’ici incapables de rééduquer. Les taux de mortalité infantile et maternelle n’ont pas épargné la plupart de nos familles dans le milieu urbain tout comme dans le milieu rural.
Pour une sexualité responsable et une vie équilibrée, la mondialisation nous exige d’espacer les naissances à travers la campagne sur le planning familial. Ceci pour protéger l’amour humain, de protéger la femme contre les désagréments de nombreuses maternités et de créer un monde confortable pour le couple mère–enfant et arracher le genre humain à l’obscurantisme de passion.
Partant des réalités d’Ilebo, notre champ d’investigation, nous constatons que beaucoup de familles souffrent. Et cela n’empêche pas à la famille de procréer pour avoir une pléthore d’enfants, car disent-elles «l’enfant constitue une richesse dans les familles africaines et assure la progéniture».
Sur ce, nous voulons savoir quelle attitude qu’ont les femmes d’Ilebo vis-à-vis du planning familial ? Appliquent-elles cela dans leurs foyers?
Les études sur les mécanismes qui amènent au couple d’espacer les naissances relèvent du domaine de la santé de reproduction et nous permettent de diffuser les informations aux parents, aux enseignants et à d’autres agents de l’éducation pour la survie de leur foyer.
En planifiant les naissances, l’enfant aura l’opportunité de satisfaire ses besoins primaires et accéder ainsi aux besoins de second ordre comme aller à l’école, jouer avec ses amis, développer ses aptitudes naturelles, etc.
2. APPROCHE DEFINITIONNELLE
Le planning familial est une stratégie de combinaison d’une éducation affectivo-sexuelle du couple et la fourniture des techniques contraceptives et médicinales permettant aux couples d’avoir le nombre d’enfants qu’ils désirent au moment voulu.
Dans ses propos, MANDJWANDJU (1993, p.13) déclare que le planning familial est une politique de mettre au monde des enfants et de les élever en fonctions de ses moyens. Et il a souligné que les naissances doivent être au préalable une préoccupation des intéressés, des couples, des membres d’une famille.
Ce principe de la planification familiale est un droit et devoir entre la population mondiale. Certaines femmes ne prennent la pilule qu’au moment des rapports sexuels, elles ont tort ainsi de croire se prémunir de risque de la grossesse. Pour s’épargner de ce malentendu, des interventions éducatives en la matière doivent être organisées pour assurer la charge préventive.
3. METHODES DE PLANNING FAMILLIAL
Nous avons deux grandes catégories des méthodes contraceptives : les méthodes contraceptives modernes et les méthodes contraceptives traditionnelles.
En ce qui concerne les méthodes contraceptives traditionnelles nous avons : le coit interrompu, l’abstinence périodique et la méthode d’allaitement maternelle et d’aménorrhée.
Les méthodes contraceptives modernes contiennent : la stérilisation, méthode hormonal, stérilet, contraception mécanique, contraception chimique, la méthode de calendrier…
4. PRENSENTATION DES RESULTATS
Nous avons choisi par l’entremise de la méthode d’enquête par questionnaire et la technique documentaire un échantillon occasionnel de 60 sujets. Nous avons dépouillé le questionnaire de manière isolée, c'est-à-dire, question par question par la technique statistique et l’analyse de contenu. L’effectif de l’échantillon et les fréquences obtenues nous ont permis de trouver le pourcentage.
Question 1 : Après votre accouchement vos couches reviennent après combien de temps ?
Tableau 1 : Reprise des couches
Fréquence
Temps Fréquence Pourcentage
%
2 mois 6 10
6 mois 16 27
Une année 32 53
Deux ans 6 10
Total 60 100
Source : Nous-mêmes
Il ressort de la lecture de ce tableau que 53 % soit 32 femmes leurs couches reviennent après une années, 27% soit 16 femmes après 6 mois, 10% soit 6 sujets après 2 mois et 10% soit 6 sujets après deux ans. Le présent tableau nous montre que la majorité de nos sujets utilise la méthode d’allaitement maternel et d’aménorrhée (mama) pour se protéger contre les grossesses.
Question 2 : Vous désirez avoir combien d’enfants dans votre couple ?
Tableau 2 : Nombre d’enfants
Fréquence
Nombre Fréquence Pourcentage
1 à 4 26 43,3
5 à 8 29 48,3
9 et plus 5 8,3
Total 60 100
Source : Nous-mêmes
Il convient de signaler que 48% soit 29 sujets désirent avoir 5 à 8 enfants, 26 sujets soit 8% veulent avoir un à quatre enfants et 5 sujets soit 8% préfèrent avoir 9 et plus d’enfants.
Ces résultats nous relèvent que, les femmes enquêtées n’ont pas vraiment un certain soubassement sur le planning familial.
Question 3 : Existe-il des services de planning familial dans votre milieu de vie ?
Tableau 3 : Existence de service de planning familial
Fréquence
Nombre
Fréquence Pourcentage
%
OUI 12 20
NON 48 80
Total 60 100
Source : Nous-mêmes
Il y a absence des services planning familial dans la cité d’Ilebo d’après nos enquêtés. 48 sujets soit 80% le confirment et 12 sujets soit 20% disent le contraire.
Question 4 : Quelle est votre attitude par rapport aux grossesses rapprochées ?
Favorable,
Défavorable,
Sans opinion.
Tableau 4 : Attitudes des femmes sur les grossesses rapprochées
Fréquence
Nombre Fréquence Pourcentage
%
Favorable 10 17
Défavorable 32 53
Sans opinion 18 30
Total 60 100
Source : Nous-mêmes.
Il ressort de la lecture de ce tableau que 32 sujets soit 53% sont défavorables par rapport aux grossesses rapprochées, 18 sujets soit 30% n’ont pas d’opinion et 10 sujets soit 17% sont défavorables.
Question 5 : D’une façon générale, les hommes sont à la base de rapprochement des enfants ? Oui ou non
Tableau 5 : Réponses des sujets selon la question posée
Fréquence
Nombre Fréquence Pourcentage
%
OUI 40 67
NON 20 33
Total 60 100
Source : Nous-mêmes.
Dans notre échantillon 40 femmes soit 67% trouvent que les hommes sont à la base de rapprochement des naissances et 20 sujets soit 33% pensent le contraire. Le programme de planning familial équilibré concerne non seulement la femme mais aussi l’homme.
Question 6 : Etes-vous contente que le service de planning familial soit ouvert dans la cité d’Ilebo ?
Tableau 6 : Réponses selon la question posée.
Fréquence
Nombre Fréquence Pourcentage
%
OUI 50 83
NON 10 17
Total 60 100
Source : Nous-mêmes.
Il relève de la lecture de ce tableau que la majorité de sujets (50 soit 83%) sont contentes qu’on ouvre les services de planning familial dans la cité d’Ilebo.
Les résultats de ce tableau nous révèlent que les femmes ont besoin de s’informer sur les stratégies pour une gestion efficience de la vie familiale mais le milieu les handicape.
Question 7 : Votre église favorise t-elle la contraception ?
Tableau 7 : Influence de l’église sur la contraception
Fréquence
Nombre
Fréquence Pourcentage
%
OUI 16 27
NON 44 73
Total 60 100
Source : Nous-mêmes
Ce tableau, nous montre que 44 sujets soit 73% leurs églises ne favorisent pas les méthodes contraceptives et 16 sujets soit 27 pensent le contraire. L’église constitue aussi un facteur qui freine le planning familial.
Question 8 : Nous avons deux grandes catégories contraceptives (préservatif, spermicides, sterlets, pilule contraceptif) et les méthodes traditionnelles (abstinence périodique, coït interrompu…). Lesquelles utilisez-vous ?
Tableau 8 : Méthodes contraceptives utilisées.
Fréquence
Nombre Fréquence Pourcentage
%
Modernes 22 37
Traditionnelles 33 55
Les deux 5 8
Total 60 100
Source : Nous-mêmes
Il convient de signaler que 33 sujets soit 55% utilisent les méthodes traditionnelles, 22 sujets soit 37% utilisent les méthodes modernes et 5 sujets soit 8% préfèrent les deux m méthodes.
Il nous faut signaler que l’abstinence périodique qu’utilisent nos sujets renforce la présence des autres femmes dans le foyer (polygamie).
5. DISCUSSION ET COMMENTAIRE
D’une façon générale nous avons trouvés que nos enquêtés ont manifesté une attitude favorable sur le planning familial mais sur le plan pratique, elles utilisent plus les méthodes traditionnelles pour espacer les naissances.
(55% utilisent les méthodes traditionnelles contre 37 % qui utilisent les méthodes modernes et 5 sujets soit 8% préfèrent les deux méthodes)
La méthode maternelle et d’aménorrhée (mama) est plus utilisée pour l’espacement de naissance malgré son inconvénient sur le non épanouissement de la femme sur le plan social et professionnel. Elle consiste à utiliser l’allaitement au sein comme méthode temporaire de planning familial dans le couple. Il appert de noter que l’adjectif maternel rappelle le rôle nourricier de la mère et le concept aménorrhée indique l’absence de règles comme l’indique HATCHER, R.A et al. (2000 pp 1-15)
Nos sujets ne sont pas favorables sur les grossesses rapprochées (53%), c'est-à-dire, qu’ils préfèrent un espacement de naissances. Pour les enquêtées les hommes sont à la base de rapprochement des naissances (67%). D’où pour un programme de planification équilibré, l’implication des hommes s’avère importante.
Ces femmes sont contentes que l’on ouvre les services de planning familial dans la cité d’Ilebo (83 %). Ceci montre leurs attitudes favorables vis- à -vis du planning familial.
Il est indiqué que les églises constituent aussi un facteur qui freine le planning familial car 73% des sujets n’appliquent pas des moyens contraceptifs modernes puisqu’ils constituent des péchés.
Toutes ces méthodes (traditionnelles) ont une efficacité mal connue mais faible dans l’ensemble et conviennent surtout aux couples qui ne recherchent pas une protection parfaite mais simplement un espacement des naissances dans la famille, par opposition à la contraception pure.
6. CONCLUSION
En élaborant cette étude sur « l’attitude de femme sur le planning familial dans la cité d’Ilebo », notre intention était de cerner l’attitude de la femme du milieu urbano-rural (la cité d’Ilebo) sur les notions du planning familial. Sur ce nous avons émis les hypothèses selon lesquelles : les femmes de la cité d’Ilebo auraient une attitude favorable vis-à-vis du planning familial c'est-à-dire elles accepteraient d’espacer les naissances, d’ouvrir ce service dans la cité d’Ilebo en cas de manque. Et elles appliqueraient plus les méthodes contraceptives traditionnelles que nous qualifions inefficaces.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons élaboré un questionnaire que nous avons administré à un échantillon occasionnel composé de 60 sujets de quelques quartiers d’Ilebo.
Par rapport aux résultats trouvés et interprétés, les femmes utilisent les méthodes de planification familiale. Mais plus les méthodes traditionnelles, c'est-à-dire, le coit interrompu et l’abstinence périodique. Les méthodes de planification moderne ne sont pas d’application chez les femmes enquêtées dans la cité d’Ilebo.
Ces résultats nous ont poussé à confirmer nos hypothèses de la manière suivante : Les femmes de la cité d’Ilebo ont une attitude favorable vis-à-vis du planning familial c'est-à-dire elles acceptent d’espacer les naissances, d’ouvrir ce service dans la cité d’Ilebo en cas de manque. Et qu’elles appliquent plus les méthodes contraceptives traditionnelles que nous qualifions inefficaces.
Ces méthodes traditionnelles sont inefficaces dans ce sens qu’elles favorisent la polygamie dans beaucoup de couples dans le milieu rural. C’est pourquoi la campagne d’information sur le planning familial s’avère important car la sexualité responsable et rationnelle stabilise les couples sur tous les plans.
BIBLIOGRAPHIE
1. BREACKWELL & CENTER, 1993 ; Planification et projet de la vie, ed. Marabout.
2. BUSHABU, P, 1994 ; Famille et urbanité à Lubumbashi, Thèse de doctorat en sociologie, Lubumbashi, UNILU-FSSAP, Inédite.
3. HATCHER, R. et al., 2000 ; Eléments de la technologiques de la contraception, Baltimore, Université John Hopkins.
4. MANDJUANDJU, O. et YOK. B.A., 2006 ; Esquisse bibliographique de Bin Kanyok et de Léele, Mweneditu, SDN.
5. NGONGO, A et KALAMBAY, 2003, La santé de la reproduction ; un concept nouveau pour les réalités anciennes en R.D.C, Ed. Congo Afrique, Kinshasa.
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