Analyse de l'état d'approvisionnement et de distribution des produits de chasse et de ceuillette dans la cité d'Ilebo,

Par NGWAPITSHI PERO, Un TFE dirigé par le CT Trésor MADIENGA KITSHABI de l'ISP/Ilebo, Dépt de GGE, Jullet 2012

0. INTRODUCTION

0.1. PROBLEMATIQUE

Dans de nombreux pays en développement, les besoins alimentaires ne sont pas satisfaits par la production locale, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. L’accroissement démographique important rend ce problème chaque jour plus aigu.

La viande de gibier, les chenilles et les champignons constituent des sources importantes en protéines à côté des aliments d’origine végétale et des poissons. La demande croissante de ses produits naturels entraîne cependant une exploitation non contrôlée conduisant ainsi à une extinction de certaines espèces sauvages dans plusieurs régions du globe. La chasse et la cueillette sont des activités universellement répandues dont différentes espèces (lianes, arbustes, champignons, insectes, rongeurs, primates, oiseaux et ruminants sauvages) procurent la nourriture aux populations (KIYULU J., 2001).

Selon l’état de l’insécurité alimentaire au monde (FAO, 2001),la République Démocratiquedu Congo est le pays qui a connu la plus grande augmentation de mal-nourris sur la période 1990-1992 à 1997-1999. Pas moins de 29% de la population, soit 17 millions de personnes sont en effet concernés.

Pour la population congolaise, la crise alimentaire se fait sentir, le péril alimentaire se vit tous les jours et guette près d’un tiers de la population de manière aiguë sur l’ensemble du territoire. La guerre civile entrave de façon significative la production vivrière et sa commercialisation, constituant ainsi l’une des causes directes de la pauvreté généralisée.

La cité d’Ilebo hébergeait déjà en 2008, une mosaïque de population dont le nombre était estimé à plus de 200.000 habitants nécessitant une alimentation régulière (Rapport annuel de l’inspection de l’agriculture/Ilebo, 2008).

Malheureusement, les sols de ladite cité et de ses environs connaissent une baisse de leur potentiel de productivité nettement lié aux mauvaises pratiques culturales, ceci expliquerait d’ailleurs la faible production agricole et le problème d’insécurité alimentaire dans la cité d’Ilebo (MILANDU M., 2010).

En conséquence, la grande partie des aliments consommés dans la cité d’Ilebo ne peut qu’être importée ou encore ne peut provenir des territoires voisins et d’ailleurs.

En effet, notre étude se propose de répondre aux préoccupations suivantes :

• Quelle est la situation actuelle de l’approvionnement et la distribution des produits de chasse et de cueillette dans la cité d’Ilebo ?
• Quelles sont les sources d’approvionnement de divers produit de chasse et de cueillette qui arrivent à Ilebo ?
• Quelles sont les espèces les plus exploitées ?
• Que faire pour que ces pratiques (la chasse et la cueillette) puissent s’intégrer dans le processus du développement durable de la cité d’Ilebo ?

0.2. HYPOTHESES DE TRAVAIL

Ne disposant pas de nourriture en quantité suffisante pour assurer leur sécurité alimentaire, les populations de la cité d’Ilebo s’adonneraient à la chasse et la cueillette. D’où les ressources naturelles disponibles seraient sujettes à une surexploitation qui pourrait conduire à une extinction de certaines espèces.

En outre, la demande en produits de chasse et de cueillette en provenance des territoires voisins et d’ailleurs serait de plus en plus importante dans la cité d’Ilebo. Cette demande peut être influencée par une transposition des habitudes alimentaires de ceux qui souhaiteraient garder les goûts et les préférences de mets traditionnels (MBEMBA, F. et al., 1992).

0.3. CHOIX ET INTERET DU SUJET

La cité d’Ilebo vit depuis ces dernières années un taux d’accroissement démographique importante. Cette situation ne peut qu’aggraver le problème de l’insécurité alimentaire et l’insatisfaction des besoins en aliment de la population de ladite cité par la production locale en quantité et en qualité.

D’où la chasse et la cueillette peuvent constituer l’une des pratiques les usitées par la population de la cité d’Ilebo. Ceci risquerait de conduire à une surexploitation des ressources naturelles accessibles. C’est dans le souci de faire un briefing sur l’état actuel et ponctuel de la consommation des ressources naturelles dans la cité d’Ilebo que nous nous sommes proposé de réaliser une étude présentative et analytique l’état d’approvisionnement et de distribution des produits de chasse et de cueillette dans la cité d’Ilebo en vue de situer les sources d’approvisionnement de divers produits de chasse et de cueillette qui arrivent dans la cité d’Ilebo et aussi faire ressortir les espèces les plus exploitées et menacées d’extinction.

Ainsi, notre étude s’inscrit dans le cadre de la gestion durable des ressources naturelles, basée sur la responsabilité morale de l’homme vis-à-vis de la nature et de ses ressources

0.4. METHODOLOGIE ET CANEVAS DU TRAVAIL

Pour réaliser cette étude, nous avons procédé à la revue documentaire des outils de gestion de la situation alimentaire dela RDCet de la cité d’Ilebo dans certains services de l’Etat et de partenaires au développement oeuvrant dans ce domaine notamment : l’inspection de l’agriculture du territoire d’Ilebo, le bureau de l’inspection du développement rural du territoire d’Ilebo et le bureau du développement communautaire du Kasaï occidental à Ilebo, ensuite certains responsable des services précités ont été interviewés.

Nous avons également mené des enquêtes sur terrain auprès de quelques chasseurs, cueilleurs, vendeurs et consommateurs (selon la chaîne producteur-consommateur). Ensuite, nous avons visité quelques marchés phares de la cité d’Ilebo dans lesquels sont mis en vente les produits sous notre étude.

Pour ce, nous avons utilisé un questionnaire d’administration indirecte comme instrument de recherche pour la collecte des données sur terrain. Ceci nous a permis d’avoir des données chiffrées afin d’établir les différents états d’approvionnement et de distribution des produits de chasse et cueillette dans la cité d’Ilebo.

Enfin, quelques figures et tableaux nous ont permis de renforcer l’étude par une illustration de certains faits observés sur terrain pendant que les références bibliographiques viennent étayer les quelques arguments utilisés dans ce travail.

Outre l’introduction et la conclusion, ce présent travail est subdivisé en trois (3) chapitres :

• Chapitre I : Généralité sur le secteur d’étude,
• Chapitre II : Cadre théorique et conceptuel,
• Chapitre III : Présentation, analyse et interprétation des résultats.

0.5. DIFFICULTES RENCONTREES

Pour réaliser cette étude, nous avons rencontré de multiples problèmes que nous pouvons résumer en 4 points :

• La méfiance de la part de nos interlocuteurs, ceux-ci nous confondaient avec les agents de sécurité ou les agents du ministère de l’économie ou de l’agriculture, qualifiant notre entretien d’enquête policière, malgré nos multiples explications

• L’hésitation de la part de certains répondants à nous expliquer clairement les modes de préparations ou de cuisson des produits alimentaires provenant de la cueillette et du ramassage (exemple : le cas de chenilles et certaines algues comestibles), vu les modalités de leur approvisionnement (prélèvement dans les aires protégées, notamment dans le Parc national Salonga sud) ;

• Les conditions de travail : exposition au soleil et marches à pieds sur des distances importantes ;

• La détermination des espèces a posé d’énormes problèmes pour certains produits, suite aux modalités de prélèvement ainsi qu’aux modes de séchage et de conservation.

Malgré ces difficultés, nous nous sommes efforcés de les surmonter.

CHAPITRE 1. GENERALITES SUR LE SECTEUR D’ETUDE

1.1. ASPECT GEOGRAPHIQUE

1.1.1. LOCALISATION  ET  DELIMITATION DU SECTEUR D’ETUDE

La cité d’Ilebo, notre secteur d’étude se trouve dans le district du Kasaï, province du Kasaï occidental à environ 400km au nord-ouest de Kananga. Elle est comprise entre 20°35’ et 20°52’ de longitude est et 4°17’ et 4°28’ de la latitude sud (Fig.1, p6).

La cité d’Ilebo est limitée par :

• Le secteur d’Ilebo/Malu-Malu à l’Est,
• La rivière Kasaï à l’ouest et au Sud,
• La rivière Lutshuadi au Nord.

1.1.2. GEOMORPHOLOGIE ET HYDROGRAPHIE

La cité d’Ilebo est située sur le plateau du Kasaï, celui-ci est entaillé et découpé par d’innombrables vallées, son altitude moyenne est comprise entre 500 et600 mètre.

Elle est drainée par la rivière Kasaï, le plus tributaire du fleuve Congo dans l’hémisphère sud, et ses affluents notamment :la Lutshuadietla Mpuntshia, ceux-ci suivent pratiquement les différents talwegs du site.

1.1.2. CLIMAT ET VEGETATION

Ce secteur est caractérisé par un climat tropical humide avec une saison de pluie de 9 mois s’étendant de mi-Août à mi-Mai, une saison sèche de 3 mois s’étendant de mi-mai à mi-Août et une inflexion de pluviosité entre décembre et février. La température moyenne annuelle est de 24,5°c et lame d’eau annuelle s’évalue entre 1400mm et 1800mm. L’Humidité relative est de 84%. La province du Kasaï occidental, en général fait partie du bassin du Congo qui est situé dans une zone calme avec les vent variables et irréguliers tant en direction qu’en vitesse.

Fig. 1. Localisation de la cité d’Ilebo.

Quand à la végétation, La cité d’Ilebo se trouvait, il y a quelques années, dans le domaine de forêt caducifoliée sub-équatoriale, appelé « savane boisée ». Malheureusement aujourd’hui, cette savane, parsemée d’arbustes est presque inexistante suite à la main de l’homme qui pour se énormes besoins tant en  matière de logement, d’énergie et de nourritures, a exposé ce couvert végétal à exploitation abusive et dramatique pour l’environnement et son l’équilibre écologique. Suite aux activités humaines, ce site est devenu de plus en plus dépourvu d’une couverture végétale qui devrait le protéger contre l’érosion en réduisant la de ruissellement de l’eau de pluie, surtout dans les zones habitées

     .

 1.1.4. DEMOGRAPHIE             

L’évolution démographique de la cité d’Ilebo se présente de la manière suivante : autour des années 1950, la cité d’Ilebo comptait environs 4.610 habitants. En 1965, la population de la cité d’Ilebo se levait déjà à 8.493 habitants. Après sept ans, soit en 1972, cette population a atteint un effectif de 52.572 habitants. Dix ans plus tard, la population ne sait qu’augmenter pour atteindre 82.830 habitants. En 1990, soit 8 ans après, la cité s’est amplifiée de plus pour atteindre 106.685 habitants. En 1992, elle comptait 136.796 habitants. Entre 1992 et 1994, il eut une légère augmentation de 2.000 habitants par rapport aux années précédentes où la population est montée en flèche. En 2001, soit 7 ans après, la population s’élevait à 150.108 habitants soit une augmentation de 1,6%. En 2001, soit 7 ans après, la population s’élevait à 150.108 habitants soit une augmentation de 1,6%.

Entre 2002 et 2003, il y a eu une augmentation de 1,9%. Mais c’est entre 2003 et 2004 que l’augmentation de la population a été considérable avec 2,8%. Le taux d’accroissement entre 2004 et 2005 était de 0,8%. Ce taux est resté stationnaire de 2005 à 2006. De 2007, la population a augmenté jusqu’à atteindre 170.725 habitants et 208.481 habitants l’année 2009.

La cité d’Ilebo héberge actuellement en son sein une mosaïque de population dont le nombre est estimé à 251.118 habitants. Cette situation s’explique par une migration et un accroissement naturel considérable provoqué par multiples facteurs notamment : le commerce, le vagabondage sexuel, les refoulés du Katanga, l’implantation des institutions supérieures, la guerre de l’Est.

1.2. ASPECT GEOLOGIQUE

1.2.1. GEOLOGIE DE